Culture
Retour06 avril 2018
Rires et émotions fortes lors d’une réunion de famille déjantée à Matane
©Photo TC Media – Stéphane Quintin
Jeudi soir dernier, les membres de la troupe matanaise du Théâtre Cravate et Boule de Gomme ont donné toute leur énergie lors de la première de Tricoté serré, une pièce de Michel Duchesne que les six comédiennes et comédiens ont pris plaisir à partager au public.
La pièce raconte les retrouvailles, dans leur maison familiale de la région de Charlevoix, de deux frères âgés de la cinquantaine accompagnés, l’un de son épouse, l’autre de sa maîtresse. Sur place, leur sœur est déjà présente, ainsi que l’épouse légitime, qui sort d’une dépression. La confrontation entre les six apporte son lot de réflexions sur la solitude entre les êtres et l’importance de la chaleur humaine.
©Photo TC Media – Stéphane Quintin
Le texte ciselé de Michel Duchesne et la mise en scène de Marie-Caroline Ouellet sont, pour leur part, propices à une grande variété d’émotions fortes, entre le burlesque irrésistible de scènes de jambes en l’air au petit matin, la soif de vie qui accompagne la maladie, la peur de la perte et la grande solitude des personnages, à qui ces retrouvailles vont permettre de faire évoluer leur rapport aux autres.
©Photo TC Media – Stéphane Quintin
Une riche palette de jeu pour les comédiens
Bénéficiant chacun d’un rôle d’égale importance, les comédiens ont pris plaisir à interpréter des personnages parfois déjantés, comme la timide Pierrette, une rustique gardienne de musée qui préfère la compagnie d’objets divers et du bois à celle de certains êtres, et à qui Stéfany Pelletier apporte une touche de fragilité pleine d’amour, ou encore la sémillante « Guétane avec un u », dont le rôle déjanté de midinette au grand cœur, perdue à la campagne, est interprété avec une énergie remplie d’humour par Karen Pelletier. Ses indications géographiques interminables et poétiques pour se rendre au chalet sont pleines de surprise.
©Photo TC Media – Stéphane Quintin
De leur côté, Nicolas Vallée et Brigitte Bouchard incarnent un couple en perdition, incapable de communiquer et de tourner la page. Sa sortie de dépression à elle, sur laquelle plane une trace de folie permanente, et sa lâcheté à lui, sont porteuses de scènes cocasses. Une mention spéciale est attribuée à Nancy Durette, bouillonnante d’énergie, qui réalise l’exploit de réciter de longues tirades irrésistibles, sur ses projections peu alléchantes d’une soirée ratée, tout en cuisinant pour de vrai pendant une grande partie de la pièce. Ses scènes d’amour torrides avec son mari, joué par Jean-Mathieu Fortin, sont propices à de grands éclats de rire. Lui, de son côté, incarne avec beaucoup de tendresse le mari qui cherche à surmonter la maladie pour retrouver le piment disparu dans sa vie. Las des plats biologiques préparés par sa femme, il dégaine avec gourmandise une tirade sur ses rêves de nourriture qui devrait en faire saliver plus d’un dans la salle.
©Photo TC Media – Stéphane Quintin
Photo TC Media – Stéphane Quintin
Une pièce sur l’importance du dialogue pour contrer la solitude
Ayant participé à la création de la troupe du Théâtre Cravate et Boule de Gomme dans les années 2000, la metteure en scène, Marie-Caroline Ouellet, en est à sa 12e réalisation. Séduite à la première lecture de la pièce par son intelligence et l’écriture équilibrée des personnages, elle n’a pas eu de difficultés à convaincre les comédiens de se lancer dans l’aventure. Elle s’est autorisée cette année des nouveautés comme le recours à une lumière nocturne et la préparation de plats cuisinés durant la pièce. Elle s’est facilement passionnée pour cette famille « tricotée serrée », dont les membres « se vantent de pouvoir compter les uns sur les autres mais qui ont presque tous des mailles en trop qui les gênent, les étouffent ou créent la bisbille dans leurs rangs ».
©Photo TC Media – Stéphane Quintin
La pièce est présentée à 20 h à la salle Albert Lavoie de la polyvalente de Matane les 6, 7, 12, 13 et 14 avril. Le prix à l’entrée est de 15 $ pour les adultes et 10 $ pour les étudiants.
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