Une vingtaine d’enfants recueillent l’eau de Pâques à Saint-René

« Mon labrador ne comprenait pas pourquoi nous quittions la maison à cette heure-là », témoigne Gabriel, un enfant âgé de 10 ans et demi inscrit à la catéchèse. Dans le cadre de la préparation de sa confirmation, avec d’autres jeunes de la paroisse, il a été amené à s’inscrire à plusieurs projets d’engagement comme le tressage de rameaux, une visite aux aînés ou encore l’organisation d’une guignolée, à la veille de Noël. Mais l’une des activités les plus populaires pour les jeunes de son âge aura été sans conteste cette aventure du dimanche de Pâques, qui leur aura permis de perpétuer une tradition séculaire encore suivie au Québec.

À 4 h, le cortège de voitures s’élance vers Saint-René dans la nuit noire, en direction de la Route Richard, proche de la rivière Matane. Là, une petite marche conduit la troupe, équipée de lampes de poche, jusqu’à une source où les attendent déjà d’autres personnes, dont l’abbé Paul-Émile Labrie, à la retraite depuis 2015 après avoir consacré près de 50 ans à la vie religieuse. Munis de bouteilles et de différents récipients, les participants à l’activité commencent alors à puiser l’eau de la source, s’écoulant le long d’une paroi rocheuse.

Ils perpétuent ainsi la tradition de la cueillette de l’eau de Pâques, dont l’origine remonterait à d’anciens rites païens et qui aurait été transmise par des ancêtres français de Bretagne et de Normandie. La tradition serait de recueillir l’eau d’un ruisseau, d’une source ou d’une rivière le matin de Pâques, avant le lever du soleil. La croyance populaire attribue à cette eau des vertus médicinales et un pouvoir de protection. Il s’agirait aussi d’une eau miraculeuse qui ne se corrompt pas durant l’année.

« C’est une belle tradition et je suis toujours surprise de son succès auprès des enfants », a constaté Diane Brunet, agente de pastorale à Matane. Après une bénédiction de l’abbé Paul-Émile, ayant rapproché la symbolique du printemps, lié à la renaissance de la nature, à la résurrection du Christ, les courageux participants à cette expédition nocturne ont été invités à regarder, plus tard, le soleil levant danser sur la ligne d’horizon. À moins que le sommeil ne les reprenne une fois rentrés chez eux. Dans la journée, ils auront pu céder aussi à une autre tradition plus gourmande, mais moins intrépide, celle des œufs en chocolat et de la fin du Carême.