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01 mars 2018

Pourquoi l’église Saint-Jérôme ne serait plus un lieu de culte viable ?

©Photo gracieuseté Josée Peltier

À l’occasion de la réunion organisée mercredi soir autour de l’avenir de l’église Saint-Jérôme, le conseil de fabrique de la paroisse Cœur-Immaculé-de-Marie, fruit de la fusion, en 2016, des anciennes paroisses matanaises, a expliqué pourquoi, à contre-cœur, se départir du bâtiment apparaissait comme l’unique solution envisageable.

« Ce n’est pas de gaîté de cœur que je me présente devant vous pour dresser le constat de la situation. » Avec ces premiers mots, prononcés par le vice-président du conseil de fabrique, Guy Loisel, les paroissiens attachés à l’église historique de Matane ont vite compris le déroulement de la soirée : la fabrique allait profiter de la réunion pour leur expliquer pourquoi l’église Saint-Jérôme ne pouvait plus rester un lieu de culte.

« Notre situation financière nous oblige à prendre le taureau par les cornes ! ». Le président du conseil de fabrique, Michel Barriault, a évité la langue de bois et s’est montré pragmatique, décidé à laisser de côté les émotions dans le choix douloureux auquel les administrateurs de la paroisse ont été confrontés. Devant soutenir financièrement l’entretien et les réparations de deux églises, un presbytère et deux cimetières, et confrontée à la baisse inexorable des revenus liés au culte, la fabrique a porté son choix sur l’église Saint-Rédempteur pour devenir l’unique lieu de culte à Matane. L’église Saint-Jérôme serait désacralisée par l’évêque.  

Environ 2,1 M$ nécessaires pour rénover Saint-Jérôme

Mandatée par la fabrique pour réaliser un carnet de santé du bâtiment religieux, la firme d’architectes Proulx-Savard, de Rimouski, a dressé un bilan inquiétant de l’état de l’église du centre-ville. En plus de la somme de 100 000 $, requise pour répondre aux normes incendie de la Régie du bâtiment, des travaux estimés à 2,1 M$ seraient indispensables pour remplacer les tôles rouillées de la toiture, posées dans les années 1930, restaurer les portes et fenêtres et s’attaquer aux joints de maçonnerie entre les pierres de granit, remplis de moisissures. « Si l’on ne fait rien, Matane aura son complexe aquatique en plein centre-ville », a plaisanté l’un des spectateurs.

Privilégier la pastorale et les personnes plutôt que les pierres

« Notre priorité est dans la mission, non dans le béton », a résumé le curé de Matane, Normand Lamarre. Selon la présentation de l’état des revenus et dépenses de la fabrique, des projections financières ont été dressées par un comptable. Il n’était pas utile d’avoir obtenu le Nobel d’économie pour s’apercevoir qu’avec un tel passif et un déficit annuel croissant, la fabrique risquait une disparition pure et simple, laissant les paroissiens démunis.

L’église Saint-Rédempteur, déjà mise aux normes et au coût de fonctionnement plus abordable (16 000 $ de frais de chauffage contre 50 000 $ pour Saint-Jérôme), apparaît dans un tel contexte comme le seul lieu de culte viable à Matane, une décision pleine de souffrance pour les paroissiens de Saint-Jérôme, se rappelant avec nostalgie, à l’issue de l’assemblée, les belles années de leur église.

Une cession à la Ville de Matane ou des clôtures de 10 pieds de haut

C’est l’alternative douloureuse à laquelle les paroissiens sont confrontés. « Si nous ne cédons pas l’église cette année, pas plus tard qu’à l’Action de grâce, nous allons devoir fermer le bâtiment comme la cathédrale de Rimouski, pour assurer la sécurité des gens qui marcheront autour », a expliqué avec pédagogie M. Loisel. « Reporter l’inévitable mettrait la paroisse en péril. Il faut garder les quelques sous qui nous restent pour la vocation pastorale, et penser aux 400 enfants inscrits en catéchèse », a-t-il expliqué avec calme, pesant ses mots pour ne brusquer personne.

Si on continue à ce rythme-là, dans deux ans et demi vous ne serez plus là. -Michel Lavoie, économe diocésain

Conscient de sa réputation de « fermeur d’église », l’économe diocésain Michel Lavoie, présent à la réunion, a annoncé que d’ici à cinq ans, seule une église sur cinq au sein du diocèse restera viable. Il a affirmé catégoriquement qu’il ne conseillerait jamais à l’évêque de soutenir une restauration de l’église Saint-Jérôme pour en faire le lieu de culte principal de Matane. « Si on continue à ce rythme-là, dans deux ans et demi vous ne serez plus là. Soyons rationnels. Il faut sauter sur toutes les offres qui nous apparaissent raisonnables et qui permettraient à l’église de conserver sa vocation communautaire », a-t-il affirmé.

En début d’après-midi, la Municipalité de Matane fera savoir si la cession de l’église pour 1$ symbolique, dans le but d’en faire une salle de spectacle ou un bâtiment communautaire, sera l’option retenue par les élus. La balle est dans leur camp.

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