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11 janvier 2017

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Yvan Pelletier, 56 ans de passion en mécanique automobile

©Photo TC Media - Dominique Fortier

Ce ne sont pas tous les professionnels qui conservent la passion pour leur métier à 75 ans. C'est pourtant le cas d'Yvan Pelletier, le mécano philosophe et zen qui poursuit sa carrière dans le confort de son petit garage situé à l'arrière de sa maison.

Originaire de Sainte-Anne-des-Monts, Yvan Pelletier est le quatrième d'une famille de dix enfants et fils d'Alphonse Pelletier. Puisqu'il y avait plus d'un Alphonse Pelletier à Sainte-Anne-des-Monts, on les distinguait grâce à leurs occupations. Dans ce cas-ci, Alphonse Pelletier était le beurrier et ses enfants, les p'tits beurriers.

Par ailleurs, Alphonse Pelletier a aussi été maire de Sainte-Anne-des-Monts avant de servir sa population pendant deux mandats comme député provincial sous la bannière de l'Union nationale de Maurice Duplessis. « Il a d'abord fait un mandat de 1936 à 1939, raconte Yvan Pelletier. Par la suite, Duplessis lui avait conseillé de ne pas se faire élire pendant la guerre, histoire que le parti ne doive pas prendre de décisions impopulaires. La stratégie a bien fonctionné puisqu'en 1944, mon père fût réélu. Il s'est toutefois retiré de la vie politique à la fin de son deuxième mandat. »

Quant à Yvan, il a fait ses études comme pensionnaire à Pointe-au-Père. « J'ai toujours été le plus petit et le plus jeune du groupe alors on devait faire notre place. J'ai donc appris très jeune à ne pas me laisser piler sur les pieds, spécialement à cette époque-là si je ne voulais pas être le souffre-douleur. »

Par la suite, le petit Yvan a complété ses études supérieures en mécanique générale à l'école technique de Rimouski. Yvan se rappelle d'ailleurs d'un événement qui l'avait marqué. « Un moment donné, un de mes camarades de classe est tombé "raide mort" en plein milieu d'une période d'études. C'est alors qu'une citation de Gandhi que j'avais entendue prenait tout son sens. "Vis toujours comme si tu devais mourir demain, apprends comme si tu devais vivre toujours" ». Yvan le mécano a toujours gardé cette phrase en tête. « Autant ça m'a guidé dans la façon de vivre ma vie, autant ça m'a servi pour me garder à jour avec toute l'évolution que mon métier a subi au fil du temps. »

À sa sortie de l'école en 1960, il a enseigné pendant deux ans à Gaspé avant d'aller travailler au garage de Robert Gagnon à Cap-Chat. Il y restera pendant treize ans puis il y retournera en 1984 après avoir œuvré pendant quelques années au garage du Faubourg. « À l'époque, on ne manquait pas d'ouvrage. Québec Téléphone et Hydro-Québec venaient nous engager directement à l'école. D'autres allaient enseigner ou s'exilaient à Schefferville. »

C'est finalement en 1993 qu'il ouvrira son garage dans sa propre cour. « C'était la terre familiale. J'en ai acquis une partie, je l'ai défrichée et j'y ai bâti ma maison. » C'est même lui qui a bâti la rue qui se rend jusqu'à sa demeure qu'il a baptisé « Nicolas » en l'honneur de son fils. Il y a également la « Place Hugo » pas très loin de là qui, vous l'aurez deviné, a été nommée en l'honneur de son autre garçon.

Francis Pelletier

Parmi ses frères et sœurs, on peut aussi penser à Francis Pelletier, l'homme qui a façonné l'image culturelle de Sainte-Anne-des-Monts à l'époque. « Francis s'occupait du volet artistique alors que moi, je m'occupais de tout ce qui était physique. J'ai d'ailleurs été président pendant 30 ans de la Grange à Francis. Même si la culture n'est pas toujours très payante, elle est essentielle pour une communauté. Les gens ne seront pas enclins à venir s'installer à un endroit où il n'y a aucune culture. »

L'implication d'Yvan Pelletier se perpétuera après la Grange à Francis. À l'ouverture de la Maison de la Culture au début des années 1990, c'est lui qui a conçu le système avant-gardiste d'estrades mobiles permettant ainsi d'avoir une salle de spectacle avec gradins et une salle vide où les bancs étaient « repliés sur eux-mêmes ».

Outre la culture, Yvan Pelletier a également été impliqué au sein du conseil d'administration de la caisse populaire et à l'église en tant que marguillier. Il a même donné des cours de préparation au mariage pendant dix ans.

Magicien des circuits électriques

Ceux qui ont déjà eu des soucis avec leur véhicule savent qu'Yvan le mécano saura trouver le problème. D'autres mécaniciens le savent aussi. Il arrive souvent que l'on se fasse dire: « Va donc voir Yvan ».

Selon le principal intéressé, la clé de son succès est simple. « Il faut se tenir à jour. Si tu ne suis pas, t'es en retard! Ç'a changé énormément au fil du temps. Je crois avoir étudié davantage sur la mécanique automobile durant les vingt dernières années que pendant toute ma carrière. Avant, les voitures prenaient en feu et on réglait des problèmes de "choke". Je suis content de voir l'évolution mais bien honnêtement, je croyais que je finirais ma carrière en réparant des voitures électriques. »

Aujourd'hui, à 75 ans, Yvan Pelletier est toujours aussi passionné par son métier même s'il a ralenti un brin. Et la retraite dans tout ça? « Je suis à ma retraite! Ce qui ne veut pas dire que je ne fais rien. Je voulais continuer à être occupé sans être préoccupé. »

Pour Yvan, l'essentiel est de bien gérer sa vie, de savoir suffisamment bien gérer ses finances pour bien vivre et surtout, d'aimer ce qu'on fait.

©Photo TC Media - Dominique Fortier

C'est avec fierté qu'Yvan nous montre le fonctionnement de la maquette des estrades de la Maison de la Culture.

©Photo TC Media - Dominique Fortier

Le vénérable mécanicien entend bien continuer à réparer des voitures tant que la santé lui permettra.

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