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Retour06 mars 2025
Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca
Le projet d’eau potable à La Martre à nouveau fragilisé
©Photo Dominique Fortier - L'Avantage Gaspésien
Les citoyens de La Martre attendent depuis 25 ans pour de l'eau potable.
Même si les citoyens de La Martre font bouillir leur eau depuis maintenant 25 ans, il se pourrait qu’ils doivent attendre encore pour goûter l’eau fraîche provenant de leur robinet.
Alors que les exigences gouvernementales semblaient être emplies par la petite municipalité, voilà qu’un nouvel obstacle se dresse sur leur chemin : les fouilles archéologiques. Selon des analyses préliminaires, La Martre pourrait être un berceau canadien pour des vestiges remontant à 10 000 ans. On y avait même déjà retrouvé des artéfacts dans les années 60 tel des couteaux et des haches primitives.
Voilà ce qui freine la municipalité dans ses élans. Le ministère des Affaires municipales oblige La Martre à conclure une entente avec le ministère de la Culture pour ces fouilles archéologiques avant de recevoir le financement pour un nouveau réseau d’aqueduc. Il faut savoir que le réseau actuel est en fin de vie utile après plus de 60 ans de services. Selon le maire de la municipalité, Yves Sohier, les fuites sont nombreuses et les tuyaux ont gelé déjà à quatre reprises en 25 ans, forçant ainsi le village à s’approvisionner dans la municipalité voisine, ce qui engendre des coûts importants.
Le maire de la petite municipalité de La Martre, Yves Sohier, est irrité du fait que le débat dérape vers les fouilles archéologiques. « Nous ne sommes pas contre ces fouilles, bien au contraire. Mais il est impensable que ce soit nos citoyens qui payent cette facture pour des fouilles qui se feraient sur leur terrain. Et pendant que nous gérons ce dossier-là, les travaux d’aqueduc ne peuvent pas commencer. »
Il y aurait 25 sites d’intérêt sur tout le territoire de La Martre selon les travaux préliminaires. Ceux qui se retrouvent sur des terrains publics seraient assumés par le Ministère alors que les travaux faits sur les terrains privés seraient aux frais des propriétaires. « C’est d’une aberrance totale. On ne peut pas demander à des gens de payer pour des fouilles qu’ils n’ont pas demandées et dont ils ne retireront aucun bénéfice. »
Depuis septembre dernier que la municipalité joue au ping-pong avec la direction régionale du ministère de la Culture dans ce dossier. « On estime qu’il pourrait coûter jusqu’à 520 000 $ pour effectuer les travaux archéologiques. On nous avait d’abord promis une somme de 50 000 $, mais lorsque nous avons reçu la confirmation du montant, il avait baissé à 37 000 $. Nous ne pouvons pas accepter ça », ajoute le maire.
Un projet incontournable
Yves Sohier martèle l’importance d’avoir un réseau d’aqueduc neuf puisqu’il n’y aucune autre alternative viable. « On ne peut pas demander aux citoyens de s’installer des puits en raison des sols contaminés en raison des fosses septiques. Il faut donc en profiter maintenant alors que nous avons une soumission raisonnable à 10,5 millions de dollars. Le problème est que si nous ne lançons pas les travaux au début avril, on devra retourner en appel d’offres et le coût pourrait monter. »
Le projet d’aqueduc est financé à 95 % par le gouvernement provincial. Par contre, ce ne sont pas tous les frais afférents qui sont admissibles. Le maire mentionne que depuis 2023, le Ministère ne paye plus les intérêts qui peuvent s’élever à 1 M$ si la reddition de comptes prend plus qu’un an à se faire. « Et on ne parle pas de toutes les dépenses qu’on a déjà dû engendrer comme les arpenteurs, les puisatiers, les avocats et les notaires en plus des servitudes que nous avons dû obtenir. Ce sont toutes des dépenses qui vont dans la colonne de la municipalité en plus du 5 % que nous devons débourser pour le projet en tant que tel. »
Un chantier de cette envergure représente des montants astronomiques pour un petit village comme La Martre. « À titre d’exemple, les redevances de la taxe sur l’essence qui s’élèvent à environ 500 000 $ iront toutes dans le projet, ce qui veut dire que nous n’avons plus d’argent à mettre dans d’autres infrastructures municipales, et ce, pour les quatre prochaines années. »
Des fouilles à la hauteur du financement gouvernemental
Yves Sohier est catégorique. Il n’est pas question que les Martriens, dont certains ne sont pas très riches, assument la facture des fouilles sur leur terrain. « C’est simple. Si les citoyens ne donnent pas l’autorisation pour les fouilles, les archéologues devront rebrousser chemin. On ne peut pas demander à nos gens d’assumer une facture de 10 à 30 000 $ pour des fouilles archéologiques quant ils doivent déjà payer, par le biais de leur compte de taxes, assumer une partie du projet d’eau potable. »
Le maire ne voit alors qu’une seule solution. « Il y aura des fouilles à la hauteur du financement du ministère de la Culture. S’ils nous donnent 520 000 $, ce sera des fouilles à la hauteur de 520 000 $, mais s’ils nous donnent seulement 50 000 $, ce sera des fouilles de 50 000 $. Nous ne sommes pas contre ces fouilles, bien au contraire. Nous estimons que c’est important, surtout pour les Premières nations. Mais c’est au Ministère de payer, pas les citoyens de La Martre. »
©Photo Dominique Fortier - L'Avantage Gaspésien
Le maire de La Martre, Yves Sohier.
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