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12 septembre 2024

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Réussir à travers des parcours atypiques : l’histoire de Vincent et Simon Noël-Boivin

Vincent et Simon

©Photo Dominique Fortier - L'Avantage Gaspésien

Vincent et Simon Noël-Boivin ont tracé leur propre chemin qui est tout sauf banal.

Les frangins Vincent et Simon Noël-Boivin sont deux exemples parfaits de parcours atypiques qui prouvent qu’il n’y a toujours plusieurs chemins qu’on peut emprunter pour se rendre là où l’on souhaite.

Vincent est-il enseignant? Infirmière? Paramédic? Pompier? En fait, il est un peut tout ça et plus encore. C’est que le Matanais de 35 ans n’a jamais hésité à changer de branche pour élargir son bassin de connaissances et d’expériences. Et aujourd’hui, il est encore ouvert à vivre de nouveaux défis si la bonne opportunité se pointe devant lui.

Quant à Simon, il semblait destiné à œuvrer dans le milieu agricole, mais la vie a voulu qu’il fasse un virage à 90 degrés pour devenir une figure respectée dans le milieu des pompiers, autant à la Ville de Matane qu’au Service régional de sécurité incendie de La Matanie. Les deux frères ont accepté de partager leur expérience.

Alors qu’il était adolescent, Vincent aspirait à être policier ou guide de plein-air. Par contre, il souhait avoir un bagage étoffé qui l’a mené à suivre un premier cours en Langues et culture et à entrer dans la réserve des Forces armées canadiennes. « Bref, tout le contraire de ce que ma mère souhaitait », lance-t-il en riant. Par la suite, il a tenté de faire sa technique policière, mais les circonstances ont fait que le projet allait être mis sur la glace à deux reprises. C’est à ce moment qu’un orienteur lui a suggéré d’essayer une technique ambulancière. « Ce n’était pas mon premier choix, mais je suis tombé en amour avec le métier. J’ai donc complété le cours et je me suis mis à travailler, mais à l’époque c’était difficile d’avoir un temps plein. C’est là que j’ai décidé de faire un diplôme d’études collégiales en soins infirmiers en même temps. »

Comme si ce n’était pas déjà assez, Vincent a décidé aussi de toucher à la Garde côtière pendant qu’il complétait ses études; histoire d’avoir encore moins de temps libre. « Malgré le temps qui passait, je trouvais que je n’avais pas assez d’appels sur l’ambulance, donc je me suis engagé comme pompier volontaire. Et j’ai complété ma technique en soins infirmiers et j’ai commencé à travailler dans ce domaine. Et quoi qu’on en dise sur ce métier, on peut travailler où l’on veut, quand on veut et se spécialiser dans une multitude de facettes différentes. »

Ainsi, après l’équivalent de neuf années de cégep, soit deux ans de langues, trois années d’ambulance, une année en sciences de la nature et trois ans en techniques infirmières, Vincent est maintenant… enseignant. Il s’enligne d’ailleurs pour obtenir un diplôme d’études spécialisées en enseignement… en plus d’un baccalauréat en soin infirmiers… et une maîtrise en santé mondiale… Sans oublier la mise à jour ponctuelle pour conserver son statut d’ambulancier… Et des congés sporadiques pour aller travailler dans le nord avec les communautés autochtones, où son tout premier cours de langues et culture est mis à contribution.

La petite histoire de Simon

Un peu comme son grand frère Vincent, Simon avait la mèche rebelle lorsqu’il était jeune et a également été faire l’inverse que ce que souhait ses parents en optant pour un cours en formation professionnelle plutôt qu’universitaire. « Je me suis donc inscrit en mécanique automobile sauf que je me suis rapidement aperçu que je n’aimais pas trop cette pression de devoir réparer rapidement un véhicule pour quelqu’un d’autre. Donc, afin de remplir les conditions parentales me permettant de conserver un toit sur ma tête, je me suis inscrit en gestion et exploitation d’entreprise agricole. »

Malgré les aspects positifs liés à ce cours, comme l’entretien de bâtiments, un peu de mécanique et la proximité avec les animaux, Simon a réalisé que la gestion d’une ferme n’est pas seulement un emploi à tems plein; c’est littéralement ta vie au complet. L’heure était donc à la réorientation.

Simon s’est toujours donné un triangle décisionnel dans lequel deux des trois critères doivent être respectées, soit l’endroit, l’emploi et le salaire. « J’ai donc décidé d’appliquer à l’entretien ménager au Cégep de Matane. J’ai fait cet emploi pendant six ans. Je cochais ainsi deux cases, soit l’endroit et le salaire. J’ai ensuite été chercher la formation nécessaire pour devenir gardien de sécurité », confie-t-il.

Et en 2015, encouragé par son frère, Simon s’est lancé dans le monde des pompiers. Même s’ils n’ont pas eu l’occasion de travailler ensemble, le plus jeune des deux frangins Boivin a découvert un métier qu’il adorait et qu’il pratique toujours aujourd’hui. « Je rappelle d’ailleurs à Vincent qu’il me doit encore un appel de service! »

Au fil des années, Simon a gravi les échelons et a multiplié les spécialisations jusqu’à ce qu’il devienne chef de la caserne à Sainte-Félicité en plus de travailler pour le Service incendie de la Ville de Matane.

Vincent ne tarit pas d’éloges pour son petit frère. Il voit le chemin parcouru et éprouve beaucoup de fierté à son égard. « Il ne faut pas minimiser ce qu’il a fait. Il était pompier en plus d’être aux études, aussi à temps plein. Un moment donné, ça ressemblait à un emploi complet le jour, six soirs de formation plus une soirée de travail à temps partiel. »

Au final, les deux frères s’entendent sur le fait que tout le bagage accumulé dans une vie peut toujours servir. « Il ne faut jamais voir de la formation comme du temps perdu. Même chose pour l’ouvrage. À la limite, de travailler au salaire minimum va t’apprendre à gérer un budget serré et à apprécier la sécurité financière lorsque celle-ci viendra. »

Ces derniers veulent également véhiculer un message aux jeunes comme quoi il est normal de se tromper et d’essayer différentes voies. « C’est fou de devoir choisir ce que tu aimes à 16 ans et en être assez convaincu pour en faire une carrière pour les 40 prochaines années. Nous en sommes des preuves vivantes. J’ai comme devise : si t’aimes pas ce que tu fais, fais autre chose »

Pour ce qui est de la suite des choses, Vincent et Simon ne ferment aucune porte. « Nous sommes de cette génération où l’important n’est pas d’assurer notre retraite ou d’avoir une permanence quelque part. Nous restons ouverts aux défis tout en gardant un certain équilibre pour pouvoir mettre du pain sur la table. Et on verra où la vie nous mènera. »

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