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06 juin 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Débarquement de Normandie : des Gaspésiens au front

JOUR J

Débarquement Normandie

©Photo United States Coast Guard – Robert F. Sargent

Une spectaculaire photo de l'officier Robert F. Sargent lors du débarquement de Normandie.

*Ce texte a été publié une première fois dans les pages du Gaspésie Nouvelles pour les 75 ans du débarquement de Normandie. Le journal le publie de nouveau ici en hommage aux vétérans qui ont mis leur vie en péril dans ce conflit sanglant.

Aux petites heures du matin du 6 juin 1944, les premiers soldats alliés foulaient les plages de Normandie dans ce qui deviendra certainement l’assaut le plus connu de la Deuxième Guerre mondiale. Ce jeudi marque les 80 ans de cet affrontement d’envergure, auquel participaient plus de 150 000 hommes du Royaume-Uni, des États-Unis et du Canada. Dans ce vaste effort de guerre collectif comprenant 14 000 Canadiens, quelques Gaspésiens y étaient. En voici quelques-uns pour les MRC de La Côte-de-Gaspé et du Rocher-Percé, dans une liste qui n’a pas la prétention d’être exhaustive.

Radley-Walters

©Photo Bibliothèque et Archives Canada

Le Major Radley-Walters recevant la Croix militaire en Belgique en 1944.

Sydney Valpy Radley-Walters (Malbaie)

 

Parmi ceux qui ont fréquemment été cités au fil des ans, il y a le capitaine « Rad », sujet principal de nombreux articles et reconnu dans le milieu militaire pour ses multiples prouesses. Originaire de ce qui s’appelait encore en 1920 Malbaie, Sydney Valpy Radley-Walters n’avait jamais vu un seul char d’assaut de sa vie avant février 1942, moment où il fut envoyé en Nouvelle-Écosse pour un entraînement sur les blindés. « Aucun d’entre nous ne savait rien à propos des forces blindées ni même à quoi ressemblait un tank », indiquait le vétéran dans un article du Globe and Mail datant de 2015.

La formation aura été fructueuse puisque Rad sera commandant de l’un d’entre eux (un Sherman, baptisé affectueusement Caribou) lors du débarquement de Normandie, détruisant au passage son premier tank ennemi dès le lendemain (un Panzer IV). Il faut croire que Rad avait certaines aptitudes innées en la matière puisqu’à la fin de la guerre, son tableau de chasse comprenait 18 chars ennemis, ce qui lui aura valu rien de moins que d’être nommé « l’As des As » chez les artilleurs d’assaut au sein des forces alliées.

Certaines sources attribuent à son unité d’avoir mis fin aux jours de l’as allemand des blindés, le « baron noir » Michael Wittmann. Que cette version soit véridique ou pas, on sait cependant avec certitude que Sydney Valpy Radley-Walters a reçu l’Ordre du service distingué et la Croix militaire pour son leadership et sa bravoure. Il aura par ailleurs participé à deux miniséries où on peut le voir raconter ses faits d’armes, à savoir « In Desperate Battle: Normandy 1944 » et « Série Battlefield Mysteries ». Dans un article à son sujet dans le journal des Forces armées canadiennes, on le décrit comme « le plus grand commandant d’escadron de blindés de la Seconde Guerre mondiale. »

Anecdote intéressante, dans le populaire jeu en ligne World of Tanks – qui compte tojours sur près de 80 millions de joueurs enregistrés – l’un des accomplissements les plus difficiles à obtenir est la médaille Radley-Walters, qui consiste à détruire 8 ou 9 tanks dans la même partie; un défi considérable. Radley-Walters est décédé en 2015 à l’âge vénérable de 95 ans.

 

Harris Mullin (Gaspé)

 

En 2015, Harris Mullin a reçu la célèbre Légion d’honneur – l’une des plus hautes distinctions françaises – pour sa participation au débarquement de Normandie. Le jour J, il a participé à l’effort de guerre et s’est rendu sur le continent, avant de quitter, quelques jours plus tard, vers East Grinstead pour aller prêter main-forte à ses frères d’armes. « C’est quelque chose qui s’est passé il y a très longtemps, mais qu’on ne peut pas oublier […] C’est une expérience que tu ne veux définitivement vivre qu’une fois dans ta vie », expliquait-il sur les ondes de Télé-Gaspé lors de la réception de la Légion d’honneur.

Harris Mullin est décédé le 5 août 2020 à Gaspé.

Émilien Dufresne

©Archives - L'Avantage Gaspésien

Assis à gauche, Émilien Dufresne; debout à droite, Harris Mullin. Photo prise lors de la réception de la Légion d’honneur en 2015.

Émilien Dufresne

©Photo Éditions du Septentrion

Émilien Dufresne (avec l’aide de sa fille Danielle) en 2003, ayant consigné son récit dans l’ouvrage Calepin d’espoir.

Émilien Dufresne (Pointe-à-la-Frégate)

 

Malgré les reconstitutions au cinéma et les comptes-rendus, difficile de s’imaginer ce qu’était réellement la guerre, ou encore un épisode particulier comme celui du 6 juin 1944. La tâche est plus aisée lorsque l’un des courageux soldats raconte son histoire. C’est ce qu’a fait Émilien Dufresne (avec l’aide de sa fille Danielle) en 2003, ayant consigné son récit dans l’ouvrage Calepin d’espoir.

Engagé comme volontaire dans l’armée canadienne en juillet 1941 à l’âge de 18 ans, lui aussi a participé et survécu au débarquement de Normandie. Non pas sans avoir été aux premières loges des atrocités de la guerre. « C’est maintenant que la réalité dépasse la fiction. Jamais je n’aurais eu assez d’imagination pour créer une telle horreur […] Ce matin du 6 juin 1944, je me rappelle avoir rencontré la mort, la vraie, celle qui est gluante et froide […] qui ne permet plus de croire à l’éternité dorée d’un paradis promis et retrouvé, car tout autour s’appelle l’enfer », peut-on lire dans son manuscrit. Il y raconte comment il louvoyait entre les mines sous-marines pour ne pas finir « comme plusieurs de mes compagnons qui virevoltent dans un dernier salut à la vie », l’arme brandie bien haut au-dessus des épaules, pour ne pas la mouiller et l’enrayer, synonyme probable d’une mort assurée. 

Même s’il a survécu à ce fameux D-Day, vers minuit, après quelques heures de repos bien mérité, un régiment d’infanterie allemande muni de blindés fonce sur lui et son groupe, à 200 contre 40. Malgré la résistance, Émilien Dufresne est fait prisonnier à 2 h le matin du 7 juin 1944. S’ensuit alors tout un périple qui le mène de la France à l’Allemagne, dans des conditions exécrables. Comme le titre l’indique, il s’accrochera cependant à l’espoir et racontera comment il a vécu sa captivité aux mains du régime nazi. M. Dufresne est décédé quelques mois après avoir été décoré, en mai 2015 à l’âge de 92 ans.

Étienne Poirier (Saint-Yvon)

 

Il y a une quinzaine d’années, Étienne Poirier a été décoré de la médaille de l’Assemblée nationale. Il se serait joint volontairement au Régiment de la Chaudière en 1940, régiment qui a participé au débarquement à Bernières-sur-Mer (Juno Beach). Anecdote intéressante, il était le cousin d’Émilien Dufresne. Les deux se sont d’ailleurs croisés de l’autre côté de l’Atlantique. « Un jour, lors d’une visite de reconnaissance, j’ai le plaisir de rencontrer un de mes cousins, Étienne Poirier, qui, lui, était parti de Saint-Yvon depuis longtemps déjà », peut-on lire dans Calepin d’espoir.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, ce dernier a aussi été envoyé en Belgique, dans les Pays-Bas et en Allemagne, avant de revenir au Canada en  946. Étienne Poirier est décédé le 30 octobre 2011 à l’âge de 91 ans.

Ernest Nicolas (Grande-Rivière)

 

Engagé comme volontaire à l’âge de 21 ans en juillet 1940, Ernest Nicolas est affecté à l’unité des sapeurs du le Corps du Génie royal canadien et arrive en Angleterre en avril 1941. Il participera aussi au débarquement. Dans une capsule vidéo du Musée de la Gaspésie, on y apprend que son unité sera chargée de rendre sécuritaires les routes qu’emprunteront les troupes alliées dans la poursuite de la libération de l’Europe.

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