10 janvier 2024

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

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©Photo Gracieuseté

Le documentaire a été réalisé par Karina Marceau.

Patients de seconde zone? Jette un regard sur la dure réalité de l’accès aux soins alors que des patients doivent parfois parcourir des centaines de kilomètres et voyager pendant de longues heures pour aller à un rendez-vous qui peut durer que quelques minutes. « Depuis maintenant 20 ans que je visite l’Est-du-Québec en raison de mes collaborations avec PVP Média. J’ai une fibre régionaliste très allumée en moi et j’ai souvent vu des amis et des connaissances se taper de véritables chemins de croix pour recevoir des soins », explique la réalisatrice Karina Marceau, qui estime que le sujet mérite une attention suprarégionale.

Elle mentionne qu’on parle régulière des taux d’occupation qui dépassent les 100 % dans les urgences montréalaises, mais rarement des réalités qui touchent les patients des régions. « Il y a des gens qui doivent faire des heures de route plusieurs fois par semaine pour recevoir de la dialyse nécessaire à leur survie. Le constat qu’on fait est que certains décident de se déraciner et déménager pour être plus près de l’hôpital qui offre ces services ou pire encore, se laissent mourir. Et malheureusement, ces cas-là sont rarement médiatisés à l’extérieur des régions », se désole la réalisatrice.

Si l’on ajoute le temps perdu à se rendre à un rendez-vous, tous les frais associés à ces déplacements, dont les repas et l’hébergement ainsi que les aléas des conditions météorologiques sur des routes comme la 132 ou la 138 sur la Côte-Nord, on a un cocktail parfait pour présenter les ratés d’un système de santé d’un bout à l’autre du pays. « Les compensations offertes par le gouvernement sont nettement insuffisantes. Ce n’est pas vrai qu’à 125 $, on peut se loger convenablement, absorber les frais de carburant et se nourrir. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. J’avais d’ailleurs demandé une entrevue avec le ministre de la Santé, Christian Dubé, pour ce documentaire, mais il a fait faux bond à la dernière minute », ajoute Karina Marceau, qui se pose la question sur l’intérêt réel que porte le ministre sur les enjeux de santé en région.

Le documentaire donne aussi l’exemple d’un patient de la Côte-Nord atteint d’un cancer qui doit aller subir des traitements à Rimouski. « Ce n’est pas tout le monde qui est assez en forme pour se rendre par ses propres moyens. Alors quels sont les alternatives? Prendre l’autobus? On a fait l’exercice. C’est 27 heures de route puisque l’autobus passe par Québec. Le patient doit d’ailleurs dormir une nuit à Québec avant de reprendre la route pour Rimouski. Je pense aussi à cette résidente de Sainte-Anne-des-Monts qui a une grossesse à risque et qui doit se rendre à Rimouski à 198 km de route. Est-ce que lui demander de faire autant de route avec une bedaine énorme attachée à une civière d’ambulance, est-ce que c’est la meilleure décision à prendre pour le bien du patient », se questionne Karina Marceau.

Finalement, au-delà des considérations humaines, il y a toute la question de l’occupation du territoire. On rappelle qu’à chaque fois qu’un patient doit se rendre à un rendez-vous à l’extérieur de sa région, c’est une journée de travail de perdue dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, et parfois même plus si l’on considère que ce patient est parfois accompagné d’un proche. En plus du casse-tête pour trouver une gardienne si le couple a d’autres enfants. Ajoutons aussi la perte d’attrait que peuvent avoir les régions pour d’éventuels nouveaux arrivants s’ils savent qu’ils auront droit à des services de santé… de seconde zone.

Le documentaire « Patients de seconde zone » est disponible dès maintenant sur la plateforme Tou.tv .