08 mars 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

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©Photo fournie par la Fédération des locataires d'habitations à loyer modique du Québec

Un HLM de New Richmond en réparation en octobre 2022.

Tous les logements à prix modique sont jugés en mauvais état aux offices d’habitation de Grande-Vallée, Cloridorme et Sainte-Thérèse-de-Gaspé. À l’autre bout du spectre, tout est impeccable à Port-Daniel-Gascons. Entre les deux, le pourcentage de logements en mauvais état varie selon les villes, que ce soit Percé (22%), Gaspé (36%), Chandler (59%) ou Grande-Rivière (77%).

À Percé, un immeuble de six logements reçoit par exemple la cote E, soit la pire sur l’échelle de vétusté des infrastructures. Les bâtiments qui reçoivent une note de D ou de E sont considérés en mauvais état. « Une cote de D, ce sont des toitures à changer rapidement, des fenêtres, des chauffe-eaux qui risquent d’éclater. C’est un signal d’alarme. Des composantes importantes doivent être changées rapidement sinon tu tombes dans la catégorie E. Là les travaux n’ont pas été faits et il y a eu des dégâts d’eau, électriques, un toit coule ou de la moisissure qui s’installe. Tu ne veux pas tomber à E », explique Robert Pilon, coordonnateur à la Fédération des locataires d'habitations à loyer modique du Québec.

Des sommes de 25 000$ et plus sont habituellement jugées nécessaires pour les logements cotés D et de 35 000$ et plus pour ceux cotés E afin de les remettre à niveau acceptable de C ou mieux. À Percé, ces travaux sont estimés à 259 000$.

Plus à l’est, à Gaspé, ce sont 36% des HLM qui reçoivent la note de D ou de E, pour 87 logements. Le déficit de maintien est de 2,7 millions de dollars. À Chandler, près de trois logements sur cinq (58,7%) sont en mauvais état. La facture de réparation s’élève à 2,1 millions.

Toutes ces données sont issues du plus récent bilan réalisé par la Société d’habitation du Québec, qui viennent d’être partagées par la Fédération. Cette dernière ne blâme d’ailleurs pas les offices d’habitation locales, mais plutôt les budgets qui ont été réduits dans les dernières années.

« Cette situation inacceptable pour les locataires est plutôt due au sous-financement des travaux de rénovation dans plusieurs régions du Québec. La SHQ a réduit ses investissements dans la rénovation des HLM et les offices d’habitation en sont les mandataires », ajoute Robert Pilon. Il précise que les investissements sont passés d’une moyenne annuelle de 352 millions de dollars de 2015 à 2019 à 281 millions de 2019 à 2022.

Selon lui, la Gaspésie n’a d’ailleurs pas reçu sa juste part du gâteau dans les dernières années, elle qui compte au total 21 offices municipales d’habitation. « La majorité des régions, c’est 20% du parc qui est en mauvais état. La Gaspésie a été oubliée je dirais. Vous n’avez pas un beau résultat. C’est une des régions qui n’a pas été choyée dans l’attribution des fonds. Les immeubles n’ont pas été autant rénovés que les autres régions », tranche Robert Pilon.

Mince espoir

Il y a cependant lieu d’être optimiste selon Robert Pilon, puisque la ministre responsable de l’habitation au gouvernement du Québec, France Élaine Duranceau, dispose d’une cagnotte de 2,2 milliards pour financer la rénovation des HLM d’ici 2028, suite à une entente sur le logement conclue avec le gouvernement fédéral.

« La Gaspésie devrait en avoir beaucoup plus dans les prochaines années. Ça devrait être votre tour », souhaite-t-il à la région. Des travaux ont évidemment lieu sporadiquement sur certains immeubles. « Si tu lèves la main pour de l’argent au gouvernement et qu’il ne te la donne pas, les immeubles se dégradent. C’est aussi simple que ça. C'est un peu le constat pour Chandler, Baie-des-Chaleurs et Grande-Rivière », conclut-il.