26 décembre 2021

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

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©Photo Gracieuseté

Beatahoe préfère conserver un certain anonymat, ne cherchant ni gloire, ni popularité dans ses projets artistiques.

L'artiste originaire de Sept-Îles a toujours eu un intérêt marqué pour la musique. Son père, qui participe d'ailleurs sporadiquement à ses projets, est aussi un passionné de musique. « J'ai été vraiment chanceux puisqu'à 18 ans, mon père m'achetait mes premières tables tournantes. Toutefois, j'ai rapidement compris que je ne serais pas DJ car j'avais du mal à enchaîner les chansons. Par contre, j'ai développé un fort intérêt pour le scratch et je m'y suis mis pendant plusieurs années par pure curiosité. Je crois que c'est ce qui m'a donné l'oreille pour produire de la musique, c'est-à-dire la programmation des sons et des instruments. »

Le beatmaker a donc pris tout le temps nécessaire pour perfectionner son art sans s'engager dans des projets de grande envergure. Finalement, il y a six ans, il a réalisé ses premières collaborations aux États-Unis avec des artistes qui lui ont permis de trouver sa niche et son style en parallèle de la musique commerciale.

Il y a deux ans, il a travaillé avec Bronze Nazarareth, un membre affilié au mythique Wu-Tang Clan, un groupe de gangsta rap qui a connu de grands succès à la fin des années 90 et dans les années 2000. On peut penser notamment à Ol' Dirty Basatrd, Method Man et Ghostface Killah qui ont été des noms particulièrement marquants du groupe.

Cette collaboration a été un billet vers d'autres productions, entre autres avec Kool Kieth, Goretexe, Riviera Regime, Klee Magor et plus récemment, Frenchi Blanco. Intitulé Système Fréquence, ce mini-album de cinq titres contient toutes les musiques de Beatahoe. « Frenchi avait déjà un concept sur lequel j'ai fait la programmation des sons et la création musicale. Mon père y a fait la guitare et les claviers. »

Plus précisément, qu'est-ce qu'un beatmaker? « C'est quelqu'un qui a l'énergie créative. Pour ma part, lorsque je collabore avec un artiste, , il arrive avec une idée déjà conçue ou des paroles sur lesquelles j'ajoute la musique. Je propose alors des "beats" ou des "loops" à l'artiste, et selon ce qu'il aime, on transforme les maquettes brutes en chansons », confie Beatahoe. Comme il aime s'impliquer à fond dans un projet, c'est là qu'il se met à porter les chapeaux de la réalisation et de la production jusqu'à ce que le projet prenne vie.

Même s'il a travaillé souvent avec des artistes hip-hop ou en musique urbaine, Beatahoe est ouvert à toutes sortes de collaborations éclectiques. « J'aimerais briser les barrières en explorant d'autres styles. Je me verrais bien collaborer avec un artiste d'ici qui fait du folk, par exemple. Je crois que l'énergie qu'amènerait un artiste pourrait m'inspirer même si ça s'éloigne de ce que j'ai fait dans le passé. »

Maintenant qu'il a élu domicile avec sa petite famille à Matane, l'envie de travailler avec des artistes locaux est très présente. Il espère pouvoir signer quelques productions avec des talents qui seraient ouverts à des collaborations. Quant à savoir pourquoi il a choisi Matane, ce dernier affirme avoir été séduit par l'endroit. « Nous voulions un nouveau départ et on trouve Matane très joli. On n'avait jamais pris le temps s'arrêter auparavant, mais on aurait dû puisqu'on adore ça. Les gens sont très accueillants et on ne regrette pas du tout d'être déménagés ici », conclut-il.

On peut écouter le travail de Beatahoe et le fruit de ses collaborations sur sa page bandcamp au https://beatahoe.bandcamp.com/