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21 octobre 2020

Kady Dao: de la paix et des enfants

PASSEPORT HAUTE-GASPÉSIE

Kady Dao et Luc Riffou

©Photo Gracieuseté - Julie Ruest

Kady Dao est ici photographiée avec son mari Luc Riffou et leur petite Sarah Emylia, âgée de trois ans.

Dans le passé de Kady Dao, il y a malheureusement des bribes de guerre et de violence. Son présent est toutefois rempli à ras bord d’une envie de faire partie d’une communauté tissée serrée et du désir d’y contribuer. La jeune femme rieuse et joviale originaire de la Côte d’Ivoire semble avoir trouvé chaussure à son pied à Sainte-Anne-des-Monts, où elle voit grandir son premier enfant… et prend soin de la progéniture des autres!

Après une très brève tentative d’immigration en Ukraine, d’où elle repart presque immédiatement, l’Africaine d’origine débarque à La Baie, au Saguenay, en 2014. Elle y fait une escale pour voir une très bonne amie avant de mettre le cap sur Vancouver, où elle a choisi d’étudier. Mais le destin fait en sorte qu’elle ne se rendra jamais dans l’Ouest canadien.

« Cette amie m’a dit à quel point c’était loin. Le billet d’avion pour y aller coûtait 700 $! Elle m’a aussi dit de rester, qu’on ferait une demande de changement pour mes études. Elle ne voulait pas que j’aille à Vancouver, où je ne connaissais personne », relate-t-elle.

Ayant étudié en foresterie dans son pays natal, la nouvelle venue décide donc de rester et s’inscrit dans ce même programme au Cégep de Chicoutimi; elle constate néanmoins rapidement que la pratique de cette profession en sol québécois n’est pas faite pour elle. « C’était loin d’être la même chose. En fait, l’hiver, c’était très difficile. Je portais des raquettes et je tombais à tout moment! », s’esclaffe-t-elle.

Elle rencontre à cette même époque Luc Riffou, un homme natif de Gaspé qui travaille alors dans le Nord-du-Québec. La jeune immigrante entrevoit un avenir avec lui, mais ne se voit pas s’établir là-bas. Lorsqu’il décroche un emploi de technicien en travail social à l’hôpital de Sainte-Anne-des-Monts, une ville qu’elle a rapidement entrevue lors d’un séjour au bout du monde à ses côtés, Kady met de côté son parcours scolaire et n’hésite pas à l’y suivre. « La Gaspésie, il a ça dans le sang! Je pense qu’il a voulu me transmettre ça », résume-t-elle.

Tout juste débarquée en Haute-Gaspésie, la nouvelle arrivante se déniche un emploi en entretien ménager au sein du même centre hospitalier qui emploie son mari; elle conserve d’ailleurs encore à ce jour ce lien d’emploi. La recrue se réjouit de l’accueil qui lui est réservé au sein de l’équipe.

Répondre à un besoin

Le premier enfant du couple, Sarah Emylia, voit le jour en février 2017. La nouvelle maman, alors en congé de maternité, s’interroge quant à son horaire sur appel, qui semble peu compatible avec la vie familiale dont elle rêve. Elle constate qu’un besoin en la matière est bien présent au sein de sa communauté et songe à obtenir la reconnaissance l’autorisant à mettre sur pied sa propre garderie en milieu familial. Mais elle est tenaillée par le doute.

« Je me demandais si ça allait marcher. J’avais quand même peur à cause de la couleur de ma peau. Est-ce que les gens allaient accepter d’envoyer leurs enfants chez moi? J’étais vraiment inquiète, mais j’ai choisi de me lancer quand même », confie-t-elle.

Ses craintes se révèlent sans fondement, alors que les parents sont nombreux à montrer de l’intérêt pour sa garderie lorsqu’elle est fin prête à officiellement ouvrir ses portes. Deux premières familles se manifestent rapidement, et au gré du bouche-à-oreille, ses six places disponibles trouvent preneur. Cette marque de confiance fort appréciée constitue le point de départ d’une nouvelle aventure professionnelle pour la Gaspésienne d’adoption. « Les parents sont vraiment gentils et ils sont devenus comme une famille pour nous », se réjouit l’éducatrice à la petite enfance.

Dormir sur ses deux oreilles

Sans surprise, la nouvelle arrivante n’aime pas particulièrement l’hiver gaspésien, mais apprécie réellement les magnifiques paysages de sa région d’accueil. Surtout, elle est tombée sous le charme de sa population. À Sainte-Anne-des-Monts, la dame de 35 ans ne se sent pas seulement tolérée, acceptée ou appréciée, mais aimée par de nombreuses personnes, ce qui la rend foncièrement heureuse.

Celle qui a vécu trois braquages différents en pleine nuit dans son pays d’origine ainsi que les conséquences de la guerre civile ivoirienne, au début des années 2000, dit surtout enfin pouvoir profiter d’une tranquillité fort méritée. « Ici, je vis dans un endroit où je peux dormir la porte ouverte sans que personne ne rentre chez moi. Juste ça, cette paix, c’est beaucoup! À Sainte-Anne-des-Monts, je dors tranquille », conclut-elle.

Kady Dao

©Photo Gracieuseté - Julie Ruest

Kady Dao a trouvé le bonheur à Sainte-Anne-des-Monts.

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