Autant dans le cas de Cap-Chat que de Marsoui et La Martre, ce sont des citoyens qui se sont organisés afin que la livraison soit possible dans leurs localités. Jusqu'à maintenant, seule la ville de Sainte-Anne-des-Monts avait droit à ce service. Encore là, l'initiative est venue du maire Simon Deschênes et des organismes communautaires chapeauté par la Démarche intégrée en développement social.

À Cap-Chat, le service est maintenant possible grâce au comité pour la création d'une Coopérative d'alimentation et de la Maison des jeunes L'Entre-Temps. Les gens sont donc invités à appeler les lundis de 8 h à 16 h au 418 786-2223. La livraison sera faite le mardi après-midi. Une commande de minimum 50 $ doit être placée et il faut prévoir 5 $ de frais de livraison.

À Marsoui et La Martre, des citoyens et les élus ont décidé de prendre la démarche sous leur aile. Dans ce cas, il faut placer sa commande directement chez Metro le mardi de 8 h à 16 h au 418 763-2026 pour une livraison le jeudi.

Ces initiatives font suite à de nombreuses plaintes de citoyens qui déplorent que Metro, le plus gros marché d'alimentation à Sainte-Anne-des-Monts, préférait se concentrer sur la consolidation de ses services en magasin. La porte-parole de l'entreprise, Geneviève Grégoire a d'ailleurs confirmé que la priorité n'était pas la livraison. « Le travail doit suivre son cours régulier et dans le contexte actuel de pénurie de personnel, le propriétaire franchisé fait ce qu'il peut. Il faut comprendre que beaucoup d'employés ne veulent plus travailler avec la menace du virus qui plane. Il y a aussi le nettoyage qui prend beaucoup de temps. »

Plusieurs personnes questionnent ouvertement le rôle social de Metro en Haute-Gaspésie. « Les gens se posent des questions et c'est normal. Quelle est la responsabilité sociale d'une entreprise comme Metro dans son milieu qui reçoit tout son argent des gens de la communauté? », lance un bénévole impliqué dans le déploiement du service de livraison.

Plusieurs citoyens de la Haute-Gaspésie soulèvent aussi des questions quant à savoir pourquoi le service de livraison du plus gros marché d'alimentation de la MRC a été mis en place par des organismes communautaires et des bénévoles.

D'ailleurs, d'autres géants de l'alimentation de la MRC de La Matanie n'ont pas attendu de se faire tirer l'oreille pour annoncer qu'ils allaient eux aussi assurer la livraison à Cap-Chat et Sainte-Anne-des-Monts. C'est notamment le cas de Maxi à Matane qui a annoncé que la livraison serait possible en Haute-Gaspésie tous les mercredis au coût de 20 $. Le IGA de Matane s'apprêterait également à offrir un service similaire.

La région s'organise

Pour Marie-Eve Paquette, la chargée de projet pour la démarche « Nourrir notre monde » en Haute-Gaspésie, cette crise révèle du bon et du mauvais. « S'il y a lieu de se poser des questions sur les actions de l'un et l'autre, on peut aussi se réjouir du filet social qui s'est mis en place. »

Elle souligne l'importance des plus petites épiceries qui ont rapidement adapté leurs services pour soutenir leurs clients. « Lorsqu'on voit des entreprises comme Cévic déployer un service de livraison, on le sait qu'elle le fait pour les bonnes raisons, soit pour aider sa clientèle. » Pour placer une commande, il suffit d'appeler au 418 763-2550 ou 418 764-0051.

Et des exemples comme celui-là, Marie-Eve Paquette en cite plusieurs. Il y'a l'épicerie de Grande-Vallée qui dessert Rivière-Madeleine, la municipalité de Mont-Louis qui a pris en charge la livraison pour les denrées essentielles, des élus de Marsoui qui ont tous une dizaine d'aînés sous leur aile pour s'assurer qu'ils ne manquent de rien, etc.

Fervente défenderesse des commerces de proximité, Marie-Eve Paquette est d'avis que l'économie sociale n'a jamais été aussi important qu'aujourd'hui, alors que la planète vit une crise sans précédent.

Le maire de Sainte-Anne-des-Monts a pour sa part rejoint le vice-président de Metro afin que l'entreprise maximise les démarches pour améliorer le service pour la population haute-gaspésienne. « J'avais rencontré ce vice-président il y a quelques années et il m'avait alors assuré de sa collaboration pour que nous soyons bien desservis. Je lui ai rappelé que Metro était le seul supermarché dans la MRC et je lui ai demandé de nous prioriser dans la mise en places des services. »

Si la crise est pour durer pendant des mois, le maire estime que Metro devra, à un certain moment, prendre le relais des bénévoles pour assurer la livraison pendant cette période unique. « Il m'a dit qu'une nouvelle plateforme de commande en ligne sera déployée sous peu, ce qui devrait permettre d'augmenter le nombre de livraisons. J'ai aussi su que les limites de produits par clients pourraient être éliminées bientôt puisque les tablettes devraient être bien garnies dès la semaine prochaine. »