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24 février 2020

Pas question de retraite pour le dernier cordonnier de Matane, toujours passionné à 63 ans

Métiers artisanaux en voie de disparition à Matane

Michel Gauthier cordonnier Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Michel Gauthier exerce la cordonnerie depuis 1984. À bientôt 64 ans, il ne compte pas cesser le travail, dans son atelier de l’avenue D’Amours.

Dernier représentant matanais d’un corps de métier que le manque de relève et la société de consommation tendent à placer dans les activités artisanales en voie de disparition, Michel Gauthier, cordonnier et travailleur du cuir, célèbrera cette année ses 64 ans. La retraite ? Sa passion débordante pour son métier l’empêche de se la figurer. Il continue avec amour à répondre aux commandes de sa clientèle, regrettant la perte de qualité des produits achetés aujourd’hui pour se chausser.

Si, dans l’imaginaire collectif, à l’évocation des mains de pianiste, on se figure volontiers des doigts longs et fins au bout desquels l’absence de corne permettra une sensibilité plus subtile aux touches de l’instrument, on peut dire qu’après avoir exercé la cordonnerie et le travail du cuir pendant plus de 40 ans, celles de Michel Gauthier reflètent plutôt la rugosité du travail manuel. On y lirait presque les milliers d’heures passées à réparer souliers, manteaux, valises, sièges de moto, sacoches ou autres selles de cheval, tous en cuir, dont l’odeur imprègne son atelier du bord de la rivière Matane. Là, dans son « royaume », comme il l’appelle, il continue avec la même passion à répondre aux demandes de ses clients, toujours aussi excité à l’occasion des commandes plus inédites, lui laissant davantage la possibilité d’exprimer sa créativité. « Ça, ce sont deux mitaines en peau de castor doublées en cuir auxquelles un motoneigiste m’avait demandé de donner une seconde jeunesse. Quand tu les laisses toute la nuit dehors en plein hiver, tu les retrouves encore chaudes le matin », désigne-t-il du doigt, en racontant que son amour pour ce matériau avait débuté après un vol de sacoche, un sac en cuir orné de motifs qu’il s’était empressé de remplacer.

Michel Gauthier cordonnier Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Auparavant laitier, embauché aussi dans des bars durant sa jeunesse, ce natif de Saint-Thomas-de-Cherbourg a pu compter sur sa facilité pour le travail manuel, partagée avec ses frères et sœurs, afin d’être embauché à la boutique matanière de Matane-sur-Mer, où il a exercé pendant près de huit ans, avant de suivre un cours en cordonnerie à Saint-Eustache, au nord de Montréal, durant lequel un professeur d’origine italienne lui a transmis la passion du soulier. Cordonnier depuis 1984, il s’est installé sur l’avenue D’Amours huit ans plus tard, où il continue depuis à servir ses clients et à dépanner des collègues de Rimouski manquant parfois d’expertise pour certains travaux plus spécifiques.   

Un amour pour son métier               

« C’est bien ici qu’on fait des miracles ? », questionne avec un sourire une habituée de la boutique venue lui porter une paire de chaussures à talon. Les deux échangent des plaisanteries. « Tout le monde n’est pas à l’aise avec mon langage un peu cru mais j’aime mes clients. Je m’amuse avec eux. C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne pense pas à la retraite », confie-t-il en rangeant ses outils dans son tablier en cuir pour flatter ses deux chiens de 6 ans, Boy et Belle, un frère et sa sœur, qu’il promène parfois dans une petite remorque à l’arrière de sa Harley. Issus d’un croisement entre un golden et un boxer, les deux animaux ne manquent pas d’accueillir les visiteurs à grands renforts de demandes de caresses et de regards affectueux.

Michel Gauthier cordonnier Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Père et grand-père, Michel apprécie avant tout la liberté dont il jouit dans son atelier, l’aspect créatif de son travail, son autonomie et l’absence de routine. S’il compte lever le pied au cours des prochaines années, en diminuant ses heures, il n’envisage pas du tout, pour autant, l’arrêt complet de son activité. « Quand je commence à faire une réparation, je visualise un soulier flambant neuf et j’essaie de le reproduire. Comme j’ai été artisan avant d’être cordonnier, il est rare que je dise non à de l’ouvrage. Je suis capable de m’en sortir avec toutes sortes d’objets comme des porte-documents, des manteaux ou des revêtements de sièges ».   

Michel Gauthier cordonnier Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Une activité en déclin                 

Conscient d’exercer une activité artisanale en voie de disparition, M. Gauthier a observé, au cours de sa carrière, une évolution à la baisse de la qualité des produits qui tend à plonger certains consommateurs dans un cercle vicieux. « Avant ça, quand tu t’achetais une bonne paire de souliers, tu la faisais durer le plus longtemps possible. Aujourd’hui beaucoup de produits sont faits à base de cuirette ou de cuir rebâti, de qualité inférieure. Certaines chaussures importées d’Asie, où elles sont fabriquées à des coûts minimes, sont bonnes à jeter au bout d’à peine un an. Vu les prix de vente, les propriétaires préfèrent racheter une paire plutôt que de la faire réparer », constate-t-il en évoquant néanmoins que de plus en plus de jeunes, pour des gants de hockey par exemple, venaient le voir pour éviter un gaspillage inutile. Alors que le souci de donner une seconde vie à des objets sur le déclin semble revenir sur le devant de la scène en cette période de lutte contre la production de déchets, grâce à la polyvalence de son savoir-faire, reflétée dans le nom « Fixe-Tout » de son atelier, Michel Gauthier devrait pouvoir encore exercer sa passion pendant plusieurs années.

Michel Gauthier cordonnier Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Commentaires

25 février 2020

Marise Lemieux

Félicitation a vous Mrs Gauthier longue vie dans ce métier en vous connaissant bien vous etes pour nous les Gaspésiens une belle preuve de votre amour pour votre métier .Cette été promis j irai vous voir en personne pour vous donner une bonne poignée main . Sincére salutation a vous .

25 février 2020

Bénédicte GILLE Bretagne France

Bravo Monsieur , je me souviens très bien de vous : vous m'avez réparé une couture sur des chaussures de marche à la veille de mon retour en France il y a 2 ans et c'est du solide ! Impeccable . Sur les photos je reconnais même vos chiens et comme le dit le journaliste vous êtes doté d'une grosse dose d'humour car lorsque je vous demandais s'il était possible de récupérer mes chaussures dès le lendemain ou le jour même, avec votre beau sourire ,vous m'avez répondu : " vous voulez que mes chiens vous mordent ? encore merci pour votre dévouement

25 février 2020

Brigitte Paulin

Un très habile artisan. Heureusement qu’il ne veut pas prendre sa retraite trop vite...il faut arrêter de jeter et d’acheter mais faire réparer. Michel aura de la « job » pour longtemps et la planète s’en portera mieux!

26 février 2020

Christian Letourneau

Bien le bonjour Michel…........ De ton confrere cordonnier a Gaspé…...Tes propos sur la retraite allongée et aux semaines moins intenses est en complet accord avec ma vision des choses …..Nous sommes dans un domaine qui permet cet avenir…..meme a notre age , l'avenir existe…...…….au plaisir de se revoir….....Christian

2 mars 2020

Pierre Perreault

Très content qu'on parle de toi et du travail essentiel de l'artisan dans notre société. Félicitation pour une carrière hautement utile.

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