Ça souque ferme à Baie-des-Sables pour assurer la reconversion de la Caisse

Hockey, glissades, souper spaghettis, marche aux flambeaux, feu de joie, chasse au trésor et compétition de souque à la corde, sous les encouragements excités d’un public d’environ 150 personnes : le comité culturel de Baie-des-Sables, chapeauté par Odette Simoneau et Sylvie Raymond, a regorgé d’idées pour faire revivre, le 22 février, l’ancien « carnaval brasse-brasse », qui avait disparu du village autour des années 1990. Trente ans plus tard, des images d’archives défilaient sur un écran géant installé au centre communautaire Gabriel-Raymond, face à la patinoire, où les souvenirs de cette époque étaient évoqués avec la joie de voir revivre un événement de cette envergure, dans une municipalité de 634 personnes.

La reine du carnaval Réjeanne Ratté, couronnée en 1984, soit quelques années avant la disparition du festival, selon son frère Réjean, est venue faire une apparition, coiffée d’une tiare. Le maire, Denis Santerre, a remercié la population pour sa participation active et intergénérationnelle aux festivités. Derrière ces réjouissances, l’enjeu n’était pas seulement la célébration des plaisirs de l’hiver mais aussi la défense d’un projet majeur au cœur de Baie-des-Sables, pour lequel le carnaval a permis de récolter la somme d’environ 4 000 $ : assurer la viabilité d’un projet de reconversion de l’édifice de la Caisse Desjardins, sur la rue de la Mer.

L’immeuble de la Caisse à vendre               

Comme ailleurs au Québec, la baisse des transactions au comptoir et le développement de l’utilisation des services sur internet ont poussé les dirigeants, non pas de la Caisse de la Matanie mais de celle de Mont-Joli-Est de La Mitis, dont relève Baie-des-Sables, à annoncer au conseil municipal, en avril 2018, que l’édifice serait à vendre, tout en souhaitant y demeurer comme locataire, dans un bureau d’une plus petite superficie. Un comité de vigilance pour la sauvegarde des services de la Caisse populaire s’est alors formé à Baie-des-Sables. Un sous-comité a été créé par la suite pour analyser les opportunités de développement sur place et, deux ans après l’annonce de la Caisse, un projet de « troisième lieu », appuyé par la Municipalité, pourrait voir le jour en 2020, sous réserve d’évaluations de faisabilité satisfaisantes en collaboration avec la MRC.

Un organisme à but non lucratif serait alors créé pour prendre possession de l’immeuble et y développer un lieu de rencontres et de services multiples. « Avec notre Fonds d’aide au développement du milieu, c’est une transaction à zéro qui pourrait se dérouler. L’OBNL n’aurait pas d’hypothèque à payer. La Caisse va rester sur place, sous une forme différente qui reste à définir, et on va s’entendre sur un loyer à la fois raisonnable pour nous et suffisamment généreux pour faciliter une partie de la viabilité du projet défendu par la communauté », a expliqué le directeur de la Caisse Desjardins, François Paquet, en précisant que la transaction pourrait avoir lieu cette année.

Quel « troisième lieu » ?                 

Envisagé comme un espace aux multiples usages, stratégiquement situé au cœur du village, face à la mer, à proximité du quai, ce nouveau lieu hybride, d’abord géré par un OBNL mais qui prendrait au besoin, d’ici à quelques années, la forme d’une coopérative, pourrait abriter des toilettes publiques, une antenne de la bibliothèque, une salle de conférence, un service de breuvages et de collations, une machine à crème molle, un ordinateur public, un métier à tisser, un lieu d’exposition, un présentoir d’informations ou encore un comptoir de produits locaux, en plus du centre de services Desjardins. Des tables à pique-nique pourraient être disposées face au fleuve, à côté du bâtiment, qui sera dédié à l’accueil des touristes en été. Encore au stade des études et de l’élaboration du plan d’affaires, si tout va bien, le lieu pourrait ouvrir ses portes à la population sous sa nouvelle forme d’ici à l’été 2021.

« L’OBNL sera créé quand on sera certain de la viabilité du projet auprès des agents de développement de la MRC. On a été conforté par les retours positifs d’un sondage distribué par la poste aux habitants du village. La bâtisse n’est pas neuve mais en bon état. Des rampes sont disponibles à l’extérieur pour un accès universel et il y a un potentiel de développement intéressant », a mentionné Odette Simoneau, impliquée dans le comité du « troisième lieu » avec d’autres citoyens, par ailleurs conseillère municipale, responsable du développement économique et culturel. Le maire du village a annoncé qu’il soutiendra le projet via l’argent reçu de la MRC dans le cadre du fonds de développement des territoires.