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06 novembre 2019

Réunion insolite, « putsch » : luttes de pouvoir à la MRC de la Matanie ?

Administration municipale

Conseil des maires MRC de la Matanie

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Une séance extraordinaire éclair s’est tenue le 5 novembre à la MRC de la Matanie au sujet de la directrice générale, à l’issue de laquelle plusieurs interrogations demeurent, qui devraient être dissipées le 27 novembre, à l’occasion de la prochaine séance publique.

Une séance extraordinaire du conseil des maires de la MRC de la Matanie s’est tenue le 5 novembre devant près d’une vingtaine de citoyens laissés sans réponses à la suite d’une fermeture immédiate de l’assemblée. Dans le contexte d’une désignation du prochain préfet le 27 novembre et alors que la fin de l’emploi de la directrice générale a été évoquée, plusieurs interrogations demeurent à l’issue de cette rencontre insolite ayant poussé d’anciens préfets à monter au créneau.  

Après avoir reçu un avis de convocation pour une séance extraordinaire du conseil de la MRC, signée par les maires Jérôme Landry et Andrew Turcotte, de Matane et Sainte-Félicité, relative à une entente de fin d’emploi de la directrice générale et secrétaire-trésorière Line Ross, les élus et pas moins d’une vingtaine de citoyens étaient présents le 5 novembre à la salle Rivière-Bonjour de l’édifice de la Matanie. En raison notamment d’une publication de la convocation sur sa page Facebook, la mairesse de Grosses-Roches, Victoire Marin, avait invité les citoyens à venir poser des questions. « Il est important que vous assistiez à la réunion », avait-elle indiqué le 1er novembre.

« On ne peut pas passer une chose comme ça sous la table » - Victoire Marin, mairesse de Grosses-Roches

Affirmant avoir obtenu de nouvelles informations dans le dossier, dont il a souligné la confidentialité, M. Landry, qui avait lui-même convoqué la séance extraordinaire, a proposé sa fermeture immédiate. Il a été secondé en ce sens par le maire de Saint-Ulric, Pierre Lagacé, qui a déclaré ne pas vouloir « laver notre linge sale devant le monde ». La levée de l’assemblée, à peine deux minutes après son ouverture, est restée en travers de la gorge d’une partie du public qui avait effectué le déplacement jusqu’à Matane.

Quant à Mme Marin, elle a tenu à dire qu’elle pensait pour sa part qu’il était important que les gens soient informés. « On ne peut pas passer une chose comme ça sous la table », a-t-elle regretté. Des applaudissements et des bravos ont surgi sur un ton ironique de la part de plusieurs citoyens à l’issue de la réunion. Certains d’entre eux ont confirmé qu’ils reviendraient à la séance du 27 novembre pour poser leurs questions aux élus, frustrés de ne pas en avoir appris davantage.

Conseil des maires MRC Matanie

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

La mairesse de Grosses-Roches, Victoire Marin, a jugé important que la population soit tenue informée de ce dossier, d'où la publication de l'avis de convocation sur sa page Facebook.

« Mettre fin à l’assemblée d’hier était la bonne chose à faire puisqu’on n’avait pas à en discuter publiquement » - Dominique Roy, maire de Les Méchins

La directrice générale mise en cause ?             

Annonçant détenir des informations confidentielles concernant la directrice générale et secrétaire-trésorière de la MRC, Line Ross, toujours en poste à l’heure actuelle, le maire de Matane n’a pas voulu commenter davantage, ni préciser si Mme Ross avait encore sa confiance. Selon le maire de Les Méchins, Dominique Roy, le dossier n’aurait jamais dû se retrouver sur la place publique. « C’était quelque chose qui relevait de l’interne, dont nous avions déjà discuté quelques jours auparavant. Nous nous étions d’ailleurs entendus pour qu’elle demeure en poste. D’un point de vue humain, ce n’est pas agréable pour elle de voir cette situation-là ».

L’élu a précisé que le maire de Matane était absent lors de la rencontre de travail durant laquelle la décision avait été prise de garder Mme Ross à son poste, d’où la convocation par huissier reçue plus tard, pour signaler la détention de nouvelles informations à ce sujet. « Mettre fin à l’assemblée d’hier était la bonne chose à faire puisqu’on n’avait pas à en discuter publiquement. Par contre, c’est dommage que les gens se soient déplacés pour rien », a-t-il conclu, en espérant que la page soit rapidement tournée pour se pencher sur les budgets et que les élus poursuivent leur travail de façon harmonieuse.   

Line Ross directrice générale MRC Matanie

©Archives

La directrice générale et secrétaire-trésorière de la MRC, Line Ross, est toujours en poste à ce jour.

« On ne comprend pas pourquoi la Ville de Matane essaie de dicter ce qui doit se faire aux autres municipalités » - Yvan Imbeault, ancien préfet et maire de Saint-Adelme.

D’anciens préfets remontés              

Ancien maire de Saint-Adelme et préfet de la MRC, Yvan Imbeault, qui a travaillé avec Line Ross, a voulu la défendre en déplorant que son intégrité soit mise en doute. « Mme Ross est une excellente personne. On ne comprend pas pourquoi la Ville de Matane essaie de dicter ce qui doit se faire aux autres municipalités », a-t-il lancé, en soulignant n’avoir jamais connu de réunion pareille à son époque. En poste depuis une quinzaine d’années, à noter que Mme Ross n’était, selon lui, qu’à deux ans et demi de la retraite. « Son dossier est vierge », a renchéri de son côté l’ancien maire de Sainte-Félicité Réginald Desrosiers, et ancien préfet suppléant de 2015 à 2017. « C’est sûr qu’on n’est pas une MRC parfaite. Il y a peut-être des structures à changer, des choses à mettre au goût du jour, mais ce n’est pas par un putsch qu’on devrait le faire mais par le conseil des maires, des réunions et des ententes municipales entre la ville-centre et les villages aux alentours », a-t-il lancé.  

Quant au préfet actuel, Denis Santerre, dont le poste sera soumis à une nouvelle élection le 27 novembre, il s’est dit prêt à assumer ses fonctions encore deux ans. Il a prôné pour sa part la transparence avec les citoyens. « Je ne m’attendais pas du tout à ça ce soir. J’ai été surpris et je ne comprends pas plus. Il s’agit d’une ressource humaine présente depuis 16 ans. Tout ce qui se fait doit être public et transparent. J’espère qu’on en discutera à la prochaine séance », a-t-il réagi. Il faut remonter à 2011 pour qu’un préfet ait été élu par ses pairs à l’issue d’un scrutin. Les deux préfets précédents, Pierre Thibodeau et André Morin, avaient été élus par acclamation en 2013 et 2015, tout comme Denis Santerre il y a deux ans. La rencontre de mardi soir laisserait présager une désignation plus houleuse du prochain préfet de la Matanie, dans un contexte de lutte des municipalités rurales pour exister face à Matane.  

 

Yvan Imbeault ancien maire Saint-Adelme et préfet de la Matanie

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Ancien maire de Saint-Adelme et ancien préfet, Yvan Imbeault a voulu prendre la défense de Mme Ross.

« Il y a une élection du préfet dans un mois. Au niveau fiscal, il y a de grosses sommes qui tombent à la MRC pour le développement économique et je considère que la Ville de Matane veut s’accaparer ces sommes-là pour son développement, au détriment des petits villages » - Réginald Desrosiers, ancien maire de Sainte-Félicité et préfet suppléant de 2015 à 2017.

Poids de la ville-centre

Renommée MRC de la « Matanie » en 2013, si l’entité portait auparavant le nom de la ville centrale, c’est bien en raison de son poids démographique, alors que les derniers décrets de population indiquent que 14 224 personnes vivraient à Matane, sur une population totale de 21 140 habitants dans la MRC, soit 67 % de la population. C’est ce poids, selon les lettres patentes de constitution de la MRC, qui permet au représentant de Matane de bénéficier de 9 voix lors des prises de décision au conseil des maires (une voix par tranche de 1 700 habitants). Quant aux 10 autres municipalités, y compris Saint-Ulric, qui compterait 1 564 habitants, deuxième localité la plus importante de la Matanie, elles ne possèdent qu’une voix chacune.

Depuis la suppression du CLD en Matanie, la MRC a hérité de compétences élargies, notamment dans le domaine du développement régional, d’où les rivalités pouvant émerger d’une possible candidature de Jérôme Landry au poste de préfet, ce dernier disposant, grâce à son titre, d’une voix supplémentaire en cas d’égalité lors des prises de décisions du conseil des maires. « Je considère ce soir que c’était un faux prétexte. Il y a une élection du préfet dans un mois. Au niveau fiscal, il y a de grosses sommes qui tombent à la MRC pour le développement économique et je considère que la Ville de Matane veut s’accaparer ces sommes-là pour son développement, au détriment des petits villages », a dénoncé l’ancien maire de Sainte-Félicité, Réginald Desrosiers. À l’heure actuelle, M. Landry n’a pas indiqué s’il comptait présenter sa candidature à ce poste.     

Denis Santerre préfet MRC Matanie

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Le préfet actuel, Denis Santerre, s'est dit prêt à assumer de nouveau ces fonctions de 2019 à 2021.

Commentaires

6 novembre 2019

Herménégilde

Il me semble normal que le budget versé pour le développement de la région de la Matanie soit géré par la MRC de la Matanie et non par la ville de Matane, maintenant que le CLD est dissout. La centralisation du développement et des investissements ne va qu’accentuer l’exode rural vers la ville centre comme il est possible de le constater à l’échelle provinciale. La ville de Matane à été une des rare municipalité en région à augmenter sa démographie cette année, mais au dépend de qui? Ceci est une blague de mauvaise foi : La meilleure solution pour la ville de Matane est de devenir la MRC. Il manque seulement 2 800 habitants de plus pour que la ville obtienne la majorité des votes au sein de la MRC, je suis certaine qu’avec une ou 2 fusions le problème va être réglé. Pour revenir de bonne foi : Avant que le budget de développement soit remis à la MRC, c’était le CLD (centre local de développement) qui répartissait les investissements. Maintenant que la juridiction à changer, cela crée de l’insécurité auprès de la ville de Matane, car elle ne sait pas comment le budget va être disposé et qu’elle projet la MRC va mettre de l’avant.

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