24 octobre 2019
Les habitants de la Matanie, mauvais élèves dans le tri des déchets ?
Récupération des déchets en Matanie

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien
Technicien en environnement à la Ville de Matane, Éric Côté regrette que de nombreuses matières recyclables ou valorisables à l’écocentre se retrouvent au lieu d’enfouissement technique de Matane.
La MRC de la Matanie a profité de la 19e édition de la Semaine québécoise de réduction des déchets, du 19 au 27 octobre, pour publier les résultats d’une étude de caractérisation des matières résiduelles récoltées sur le territoire dans le secteur résidentiel. À la lumière des conclusions, les bonnes pratiques en matière de réduction et de récupération des déchets devraient être encouragées dans la région.
Menée par le groupe Chamard stratégies environnementales à l’été 2018 et l’hiver 2019, l’étude de caractérisation a concerné un échantillonnage de quatre tonnes de déchets prélevés sur les bacs de 637 habitations (environ 6 % de la population de la MRC). Selon la saison, un bac à déchets serait constitué de 63 à 77 % de matières valorisables comme les matières organiques et recyclables, les encombrants, les résidus de construction, rénovation et démolition, les résidus domestiques dangereux et les textiles. « Les ¾ du contenu de la poubelle ne devraient pas y être et pourraient être valorisés autrement », a constaté la MRC, en mentionnant par ailleurs que la quantité annuelle de déchets en Matanie était de 314 kg par habitant, contre 243 à l’échelle du Québec. En comparaison avec le reste du Québec, chaque habitant de la Matanie a déposé en 2018 87 kg de matières recyclables dans son bac bleu alors que la moyenne provinciale se situerait autour de 139 kg, selon le rapport annuel de suivi du Plan de gestion des matières résiduelles.

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En tout, 17 300 tonnes de déchets seraient accueillis chaque année au lieu d'enfouissement technique de Matane, pour la Matanie et la Haute-Gaspésie.
« C’est une étude très importante pour nous, à la veille de la mise en place des bacs bruns dans la MRC. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Nous devons réduire notre production de déchets et améliorer notre gestion des matières résiduelles dans la Matanie. Il devient prioritaire d’améliorer nos performances tant pour le recyclage que pour la gestion des déchets. Tous les citoyens, entreprises, élus et industries vont avoir un rôle important à jouer pour réussir à relever ce défi », a réagi le préfet de la MRC Denis Santerre, qui a annoncé une intensification du travail de sensibilisation autour de cette thématique auprès de la population et salué les initiatives citoyennes et institutionnelles déjà mises en place.
Les améliorations possibles
Selon les résultats de l’enquête menée par la MRC, le bac à déchets moyen contiendrait près de 46 % de matières organiques putrescibles, illustrant l’importance de valoriser ces déchets avec la mise en place d’un troisième bac. La future plateforme de compostage prévue à Matane devrait être opérationnelle en 2021. « La quantité de déchets mis à la poubelle devrait diminuer à partir de cette date avec l’implantation de la collecte des matières organiques. Il n’en demeure pas moins qu’il restera dans la poubelle encore beaucoup de matières qui seraient valorisables comme le tissu, les appareils électroniques, les encombrants ou encore les débris de construction », a déclaré Nixon Sanon, conseiller en environnement et cours d’eau à la MRC de la Matanie.

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Nixon Sanon, conseiller en environement et cours d'eau à la MRC de la Matanie.

« Le sac plastique, nous le considérons aussi comme un contaminant, ce qui ne serait pas le cas s’il était biodégradable comme en Europe, et on le retrouve partout. » - Dominic Bouffard, président du Groupe Bouffard
Des bacs bleus contaminés
Une autre problématique concerne un taux de contamination des bacs de récupération en moyenne de 19 % dans la MRC, contre 11 % dans la province. Cette forte proportion a des effets nuisibles sur le processus de recyclage, venant complexifier le travail au centre de tri, augmenter les coûts et réduire la qualité des matières recyclées. « Au centre de tri, on reçoit beaucoup de toiles de piscine, de matériaux de construction, des batteries d’auto, des fours à micro-ondes. Ce ne sont pas des matières recyclables. Il existe un autre réseau pour ça, du côté de l’écocentre. Le sac plastique, nous le considérons aussi comme un contaminant, ce qui ne serait pas le cas s’il était biodégradable comme en Europe, et on le retrouve partout. Si on rentre une tonne de déchets chez nous, ça me coûte beaucoup plus cher de l’envoyer au lieu d’enfouissement technique plutôt que ce soit de la matière recyclable », a commenté le président du Groupe Bouffard, Dominic Bouffard, qui a expliqué que des coupures au niveau de la collecte des bacs à déchets avaient aussi un impact direct sur une hausse de la contamination des bacs bleus par de la matière non recyclable.
De son côté, lorsque les bennes à ordures arrivent au lieu d’enfouissement technique, Éric Côté, technicien en environnement à la Ville de Matane, regrette de voir plusieurs déchets qui auraient pu être recyclés ou portés à l’écocentre. « La progression du détournement des déchets vers d’autres filières n’a pas évolué au rythme anticipé en 2005, lors du début des opérations du lieu d’enfouissement technique », a-t-il regretté, en précisant que le site accueillait près de 17 300 tonnes de déchets chaque année, originaires de la Matanie et de la Haute-Gaspésie. Selon lui, en raison des vents forts soufflant dans la région, malgré les clôtures qui ont été installées, un employé doit notamment se charger presque tous les jours du ramassage des nombreux sacs plastique qui se retrouvent parmi les déchets.

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De nombreux déchets recyclables se retrouvent au lieu d'enfouissement technique de Matane malgré leur valorisation possible.
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