Le vandalisme au verger communautaire de Matane décourage les promoteurs du projet

« Ce parc est un projet communautaire qui découle du vote du public et il appartient à tous. Voler des arbres pour lesquels vous n’aviez qu’à attendre pour en cueillir les fruits : je ne vous comprends pas. Vous avez volé votre collectivité, vos voisins, vos amis, votre ville. Vous avez volé la confiance des gens », a déploré sur sa page Facebook Sylvie Harrisson, dont le conjoint, Yves Boulanger, a mis sa passion de l’horticulture au service de l’embellissement de ces jardins, agrémentés de 160 espèces d’arbres fruitiers, de nichoirs à oiseaux, d’hôtels à insectes ou encore d’une charmille sur laquelle pousseront de la vigne et un kiwi autofécond.

« C’est tellement décevant ! Après toutes les heures de travail consacrées au projet... À croire qu’ils n’ont pas compris l’essence même du parc », a réagi pour sa part Yves Boulanger, horticulteur à Petit-Matane. Selon lui, le choix d’arracher des arbres accessibles uniquement sur commande est loin d’être anodin. « Si des jeunes avaient fait le coup, ils auraient enlevé des plantes de manière aléatoire. Là, le choix des voleurs s’est porté uniquement sur les pommiers colonnaires, qu’ils ont simplement déracinés en tirant dessus, sans même utiliser d’outils », a-t-il expliqué, inquiet que le même procédé pût être utilisé pour les trois pommiers de la même variété demeurant sur le site, et qui avaient nécessité de nombreuses recherches au niveau de leur adaptabilité au climat de Matane.

La Ville en réflexion         

Jeudi dernier, Marjolaine Gagnon, chargée de projets à la Ville de Matane, qui s’était particulièrement investie dans l’élaboration de ces jardins fruitiers, est allée déposer une plainte à la police pour vol. Selon elle, les élus devraient se réunir cette semaine pour réfléchir à la meilleure réponse à apporter à la suite de cette détérioration, pour dissuader les voleurs de toute récidive. « Un projet comme celui des Jardins fruitiers de la bibliothèque aurait permis à la Ville de gagner des points auprès des Fleurons du Québec. Après avoir investi tellement d’énergie et d’amour dans l’aménagement de ce verger, ce genre de comportement est d’autant plus triste à constater que nous avions déjà prévu l’installation d’un panneau d’interprétation sur lequel figurait le nom de toutes les plantes », a-t-elle dénoncé, regrettant fortement d’en être réduit à devoir garder l’œil ouvert. Selon tous les promoteurs du verger, cette forêt nourricière avait été élaborée avec soin pour en faire profiter l’ensemble de la population, non pas en venant arracher les plantes qui la composent mais en déambulant au milieu des parfums, des fleurs et des oiseaux pour en cueillir les fruits.

Des plantes comestibles à 98%         

C’est ce qu’avait annoncé Yves Boulanger au cours de l’inauguration officielle des lieux le 15 août : 98 % de toutes les plantes cultivées dans cet éden pour le bonheur des familles et des amoureux de la nature était mangeable. « Comme nous avons choisi des arbres de petite taille ou nains, pour une meilleure accessibilité des enfants, ça ne prendra pas plus de 6 à 10 ans pour avoir un verger adulte et productif », avait-t-il déclaré alors devant l’assemblée, qui dégustait déjà certains des fruits produits sur place. « C’est un jardin qui va demander beaucoup d’amour de la part de tous les citoyens. Il va falloir le respecter », avait renchéri Marie-Josée Fradette, ayant assuré la défense du projet à l’occasion du dernier budget participatif, invitant par ailleurs les écoles à venir « adopter » un arbre, dans le cadre d’activités pédagogiques de découverte de la nature.