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17 juillet 2019

Célébrant ses 104 ans, une résidente de Sainte-Félicité nous confie ses secrets de longévité

Anniversaire

Madeleine Pelletier Sainte-Félicité

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

À 104 ans, Madeleine Pelletier est encore capable de tricoter sans une erreur de maille.

Établie depuis juillet 2018 dans la Résidence du Boulevard de Sainte-Félicité, Madeleine Pelletier, native de Cap-à-la-baleine, célèbre ce mois-ci ses 104 ans, un âge qui vous abasourdit, tant la vénérable femme a de quoi déconcerter par sa mémoire stupéfiante, son humour, sa vitalité et une capacité encore intacte à tricoter sans une erreur de maille.

À écouter parler cette native de Sainte-Félicité, qui a fêté le 16 juillet ses 104 ans, l’esprit s’évade dans l’atmosphère des romans du terroir, qu’on n’imaginait plus descriptible aujourd’hui par un témoin direct. Venue au monde en 1915, deux ans après la parution de Maria Chapdelaine, de Louis Hémon, Mme Pelletier est la quatrième d’une famille de douze enfants, élevés sur une ferme où leur père était boucher. Les écoles de rang, la traite des vaches, la prégnance de la morale catholique, les voitures à cheval, les routes intégralement coupées durant l’hiver, les veillées au coin du feu, les visites entre voisins, la récitation des chapelets, les prières à la bonne sainte Anne : aucun détail ne semble avoir quitté le champ fertile des souvenirs de cette centenaire, prompte à livrer son témoignage sur des sujets variés, la main accrochée à votre bras, comme pour mieux vous raconter ses histoires.

Interrogée sur les difficultés éventuelles vécues pendant la guerre, sans préciser de laquelle il s’agissait, Madeleine répond qu’elle était trop jeune pour s’en rendre compte, fait référence à la fin de la Première Guerre mondiale et à l’épidémie de grippe espagnole qui l’a suivie. Alors que la plupart des vétérans de 1939-1945 ont commencé à s’éteindre, rencontrer quelqu’un qui évoque spontanément ses souvenirs de 1914-1918 lorsqu’on lui parle de « la guerre » provoque le sentiment de se trouver en face d’un vrai trésor du patrimoine vivant.

Madeleine Pelletier Sainte-Félicité

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Madeleine Pelletier a célébré ses 104 ans le 16 juillet à Sainte-Félicité.

Ayant quitté l’école à 13 ans, la jeune femme a travaillé dans des hôtels de Les Méchins et Sainte-Félicité avant d’épouser, à 23 ans, un homme de Grosses-Roches au nom prédestiné, Roméo Langlois, décédé en 2000. Sept enfants sont nés de leur union, quatre filles et trois garçons, tous en vie. Neuf petits-enfants ont pris le relais, puis seize arrière-petits-enfants. « Attends un peu », demande-t-elle à sa fille Mona, avant d’avancer elle-même ces chiffres, comme pour mieux tester sa mémoire.

Après avoir vécu au centre du village, Madeleine et sa famille s’installent dans les années 1950 sur une ferme du secteur de Cap-à-la-baleine. Alors que son mari travaille comme journalier dans un moulin à scie, ses absences sur la Côte-Nord durant l’hiver, dans des camps de bucherons, amènent la mère de famille à tenir la maison, s’occupant du bétail, du jardin et de l’entretien ménager, avec l’aide des enfants.

« Bien qu’elle nous ait légué toutes ses recettes, impossible aujourd’hui de retrouver le goût imbattable de son cipâte », mentionne sa fille Mona, qui remercie sa mère de leur avoir transmis le sens de l’accueil, de l’entraide et de la famille, un esprit de générosité, le goût du tricot et de la couture. « C’est une femme courageuse et énergique qui nous a appris à ne jamais rien lâcher. Dans les moments difficiles, on s’est souvent accroché à cette force que nos parents nous ont donnée », a réagi pour sa part Colette, la fille aînée du couple.   

Une femme passionnée     

Cumulant les passions, la résidente hors norme évoque des plaisirs simples comme la contemplation du jardin depuis son fauteuil et son amour des gens. « J’aime la vie et le monde ! », résume-t-elle en mentionnant son plaisir de s’attabler en famille lors de soirées festives. Très émue par la musique, Madeleine essaie de ne pas manquer un épisode de l’émission La Voix. « Au moindre son du violon, mon cœur bondit », avoue-t-elle, en précisant avoir rencontré son mari lors d’une veillée dansante. Quant à sa passion pour le tricot, elle s’est illustrée par un nombre incalculable de créations accumulées au fil des ans et dont elle gâte ses visiteurs. « Cours-y après ! », lance-t-elle à sa fille à la fin de notre entrevue, s’étant souvenue brusquement du lieu où elle avait déplacé sa boîte de linges à vaisselle.  

La centenaire évoque ses marches indispensables au bord du fleuve, pour échapper aux nouvelles écoutées par son mari. Elle relate, en élargissant son sourire, une sortie à l’insu du personnel de la Coopérative de santé, où elle a résidé à une époque. « Ils me cherchaient partout », rit-elle, en évoquant aussi son amour pour les chats et les chiens, le hockey et les débats de la Chambre. « Nous n’étions pas du même parti mon mari et moi. Ce n’était pas toujours commode. Aux dernières élections, je n’ai pas pu voter. Je soupçonne mes enfants de ne pas m’avoir emmenée parce qu’ils n’étaient pas non plus du même parti », plaisante-t-elle en faisant claquer une main sur sa cuisse, réjouie par l’effet de son trait d’humour sur l’auditoire.   

Un amour de la vie    

Interrogée sur les secrets de sa longévité, Madeleine avance que le doigt de brandy versé dans son café y serait pour quelque chose. « Mais je n’ai pas commencé jeune », s’empresse-t-elle de préciser, le regard espiègle, d’un bleu mis en valeur par un collier et des vêtements de la même teinte, qui révèlent une coquetterie encore intacte. Assise sur le nouveau fauteuil qu’elle a reçu en cadeau, un tricot entre les mains, sa photo de mariage lui évoque d’autres souvenirs. Elle parle à sa fille de la robe qu’elle lui avait confectionnée en vitesse pour son bal de finissants, allant jusqu’à lui en rappeler la couleur et des détails d’une précision qui laisse songeur sur les vertus insoupçonnées du café brandy. À moins que le secret de sa santé ne réside dans l’amour et la bonté qui transparaissent chez elle, et seraient l’élixir idéal de la jeunesse éternelle.

Commentaires

18 juillet 2019

Cécile Hamel Côté

Bravo pour cette belle entrevue! Très intéressant et bonne longévité avec votre famille!

19 juillet 2019

Marius Desjardins

Félicitations. Je ne suis pas surpris pour l' avoir bien connu. Mes salus a toute la famille.

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