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11 juillet 2019

Disparition de l’aigle royal au lac Matane : l’activité humaine en cause ?

Espèces protégées sur le territoire de la réserve faunique de Matane

Lac Matane réserve faunique de Matane aigle royal aiglon

©Gracieuseté Louis Fradette

Selon une biologiste de la Direction de la gestion de la faune du Bas-Saint-Laurent, aucune nidification réussie n'a été recensée dans le secteur du lac Matane depuis 2016. Elle rappelle que les activités humaines sont une menace pour les zones de nidification de l'aigle royal.

Habituellement fréquentée par quatre couples nicheurs d’aigles royaux, oiseau de proie déclaré « vulnérable » par le Québec en 2005, année de publication d’un plan de rétablissement de l’espèce dans la province, la réserve faunique de Matane n’a constaté cette année que le retour de trois couples. La dernière nidification réussie au lac Matane remonte à 2016. Le comité de protection des monts Chic-Chocs demande une aire protégée dans les montagnes.

Parmi les espèces protégées observées sur le territoire de la réserve faunique de Matane, l’aigle royal, représenté jusqu’ici par quatre couples nicheurs, sur la dizaine de couples répertoriés dans les Chic-Chocs, à cheval entre les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, n’a pas reparu dans le secteur du lac Matane, pour des raisons inexpliquées. Cette zone est l’un des territoires de nidification connus sur la réserve, fréquentée depuis les années 1920 par l'espèce, génération après génération, selon l’ornithologue Louis Fradette. De son côté, Geneviève Bourget, de la Direction de la gestion de la faune du Bas-Saint-Laurent, explique que chacun des nids d’aigle royal présents dans la réserve fait l’objet d’un suivi annuel, pour évaluer la tendance de la population et surveiller, au télescope, la naissance des aiglons. La biologiste précise que la dernière nidification réussie au lac Matane remonte à 2016.

« Chaque nid est observé au moins trois fois, entre la fin du mois de mars, où ils reviennent au Québec, après avoir passé l’hiver plus au sud, et la fin du mois d’août, où ils quittent le nid. Comme plusieurs espèces, la nidification ne réussit pas tous les ans. L’une des principales causes est le dérangement humain, en particulier en période de nidification. Pour limiter le dérangement des oiseaux, les activités humaines doivent être limitées dans les zones de protection entourant le nid », a complété Mme Bourget, en ajoutant que les aigles du lac Matane n’étaient pas munis d’un émetteur de télémétrie, contrairement à d’autres rapaces. Rebondissant sur cette recommandation de limiter les activités humaines à proximité des nids, le comité de protection des monts Chic-Chocs a rappelé l’importance de créer une aire protégée sur une partie du territoire de la réserve faunique.

Lac Matane réserve faunique de Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Les aigles royaux fréquentent des régions montagneuses entrecoupées de vallées et de canyons aux versants rocheux et escarpés. Une dizaine de couples sont répertoriés dans les Chic-Chocs, à cheval entre le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie.

« Il est grand temps de créer une réserve de biodiversité capable de favoriser la conservation des écosystèmes plus fragiles comme les milieux montagneux, sans quoi les derniers couples d’aigles royaux qui nichent dans les falaises des monts Chic-Chocs vont disparaître. » - Louis Fradette, professeur retraité en aménagement du territoire au Cégep de Matane

Aire protégée dans la réserve Matane     

Vieux d’une douzaine d’années, le projet de création d’une aire protégée de 400 km2, sur une superficie totale de 1275 km2, ne concerne que la partie montagneuse de la réserve faunique, où le comité de protection souhaiterait préserver l’écosystème des menaces de l’exploitation forestière au-delà d’une certaine altitude, à partir de laquelle la régénération végétale serait plus difficile dans l’éventualité de coupes à blanc. « Nous n’avons rien contre les industriels du secteur forestier. Nous ne comprenons simplement pas pourquoi ils peuvent obtenir des autorisations de coupes à cette altitude, alors qu’ils peuvent aller chercher du bois dans des zones plus accessibles et où il repoussera plus facilement. L’instauration d’une aire protégée en altitude permettrait de limiter le dérangement causé dans les secteurs de nidification des aigles royaux. Il est grand temps de créer des réserves de biodiversité capables de favoriser la conservation des écosystèmes plus fragiles comme les milieux montagneux, sans quoi les derniers couples d’aigles royaux qui nichent dans les falaises des monts Chic-Chocs vont disparaître », a déploré Louis Fradette, professeur retraité en aménagement du territoire au Cégep de Matane, qui a mentionné par ailleurs que la déforestation dans ces secteurs aurait aussi des conséquences sur l’érosion et la régulation des écoulements d’eau.  

Lac Matane réserve faunique de Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Le secteur du lac Matane est l'un des quatre territoires de nidification répertoriés dans la réserve. Aucune nidification réussie n'y a été observée depuis 2016.

Une dizaine de couples sur la péninsule gaspésienne    

Autrefois connu sous le nom d’aigle doré, espèce distincte du pygargue à tête blanche, l’aigle royal est un oiseau de proie diurne. Plus grande que le mâle, comme chez la majorité des rapaces, la femelle peut atteindre une envergure de 2,2 mètres (7,2 pieds). Selon la fiche descriptive du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, datant de 2010, la population de l’aigle royal dans la province est estimée à au moins une centaine de couples nicheurs. Ces derniers fréquentent des régions montagneuses entrecoupées de vallées et de canyons aux versants rocheux et escarpés.

L’espèce niche habituellement sur les corniches des falaises et parfois dans un arbre. Les nids de couples différents peuvent être séparés de 12 à 20 km. Le domaine vital de chaque couple évolue entre 40 et 100 km2. L’aigle royal chasse des proies diverses comme des bernaches, des canards, des corbeaux, des goélands, d’autres rapaces, des marmottes, des lièvres ou encore de jeunes cervidés. La plupart des couples sont unis pour la vie et restent fidèles à leur territoire de nidification année après année, dans lequel un ou plusieurs nids alternatifs sont installés. La période de ponte s’échelonne au printemps. Les couvées de deux œufs sont les plus fréquentes.

Selon le ministère, le piégeage accidentel des aigles, attirés occasionnellement par les charognes, lorsque les proies sont peu abondantes, les pertes causées sur son habitat et le dérangement par les activités humaines sont les principales menaces pesant sur les zones de nidification. Les carcasses laissées par les chasseurs peuvent aussi contenir des fragments de plomb et contaminer les aigles qui s’en nourrissent. « La stratégie de rétablissement de l’espèce repose principalement sur l’encadrement des activités humaines », précise la fiche du ministère. Quant au plan de rétablissement de l’espèce de 2005, il présentait cette conclusion : « dans les régions où les activités humaines sont les plus intenses, l’application de mesures de protection des territoires de nidification sera de nature à y favoriser le maintien des populations ». La disparition du couple nicheur du lac Matane indiquerait que ces mesures de protection ne seraient pas encore à la hauteur.

aigle royal aiglon réserve faunique de Matane

©Gracieuseté Louis Fradette

Photo d'un jeune aigle royal dans la réserve faunique de Matane, dont l'âge a été estimé à environ trois mois.

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