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21 juin 2019

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Est-ce que les lecteurs recherchent des bonnes ou des mauvaises nouvelles?

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Montage Nouvelles

©Photos Dominique Fortier

Le spectre des nouvelles à couvrir dans une localité est aussi vaste que les intérêts des lecteurs.

On décrie souvent les médias comme étant des transmetteurs de mauvaises nouvelles. Mais dans les faits, est-ce que cette perception est vraie? Et qu'en est-il des lecteurs? Sont-ils davantage avides de bonnes ou de mauvaises nouvelles? On a tenté de répondre à ces questions.

:Pour les besoins de l'exercice, nous avons posé la question au professeur titulaire au département de l'information et de communication de l'Université Laval, Thierry Watine. Or, selon ce dernier, c'est dans l'ADN du journalisme d'aller chercher ce qui fait problème dans la société au lieu de s'attarder à la banalité. « C'est un très vieux débat mais il y a effectivement une ambiguïté. Lorsqu'on interroge les lecteurs, ils disent qu'ils aimeraient davantage qu'on parle de ce qui va bien mais quand on regarde les statistiques, on constate que les gens veulent continuer à avoir des faits divers. Il y a une contradiction dans le discours du lecteur et la pratique. »

Du côté du vice-président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, section Gaspésie, Thierry Haroun, la responsabilité incombe aussi au journaliste d'avoir un équilibre entre les bonnes et les mauvaises nouvelles. « On a le devoir de proposer des sujets variés aux lecteurs, illustre-t-il. Et le média a aussi la responsabilité de mettre des bonnes nouvelles de l'avant. »

Le professeur, Thierry Watine, ajoute que le type de nouvelle désirée par le lectorat varie d'ailleurs selon le marché. « Dans les grandes villes, les lecteurs semblent plus avides de nouvelles de type faits divers alors que dans les petites communautés où il y a un fort sentiment d'appartenance, on remarque que le lectorat accorde beaucoup d'importance aux bons coups. »

Une partie de la réponse se retrouve dans l'équilibre. « Si un commerce ferme ou qu'il y a un fait divers marquant, les gens sont aussi attirés par ça. On ne peut pas donc faire simplement l'un ou l'autre », explique Thierry Watine.

Thierry Haroun

©Photo Gracieuseté

Thierry Haroun, vice-président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, section Gaspésie, Thierry Haroun.

Thierry Watine

©Photo Gracieuseté

Le professeur titulaire au département de l'information et de communication de l'Université Laval, Thierry Watine.

Se basant sur son expérience de journaliste à Moncton, le professeur se souvient que la population réagissait vivement lorsque les médias locaux s'attardaient trop aux faits divers. « Les gens accusaient alors les médias de ne pas suffisamment défendre les acteurs locaux. Il y a une fragilité et une sensibilité dans les petits milieux. En plus, tout le monde se connait. Donc la proximité des gens amène une difficulté supplémentaire, en ce sens que les acteurs du milieu risquent de reprocher directement aux journalistes, le traitement d'une nouvelle si ça ne fait pas leur affaire. »

Des choix à faire

Bien que par définition, le journalisme se veut neutre et objectif, il reste tout de même une portion subjective dans le métier. « Si je réalise une entrevue avec un fonctionnaire qui prend sa retraite évoquant qu'il veut laisser la place à la relève et que, dans cette même entrevue, j'apprends qu'il aura une prime de départ de 500 000 $, je dois faire le choix de l'angle que prendra mon article », explique Thierry Haroun.

Une nouvelle réalité à laquelle font face les médias est l'instantanéité. Alors que tout le monde peut publier quelque chose, à tout moment, sur les réseaux sociaux, un média traditionnel se voit forcé de traiter une nouvelle rapidement pour « rester dans le coup » ou alors d'aborder un sujet avec un angle entièrement différent. Le temps devient alors un ennemi du scribe puisque traiter un dossier en profondeur nécessite de la recherche, donc un investissement temporel plus important. « Ce qu'il faut, c'est essayer de rejoindre le plus de gens possible. Le spectre est large donc la polyvalence est de mise. Nous avons des lecteurs de tous âges avec des intérêts différents », soulève Thierry Haroun.

Que disent les chiffres?

Nous avons fait l'exercice d'extraire les chiffres pour les articles publiés sur le site de l'Avantage gaspésien au mois de mai. Or, sur environ 82 articles publiés au cours de ces 30 jours, on dénombre 30 bonnes nouvelles. On parle notamment de sportifs ayant réalisé des accomplissements, des citoyens qui se sont démarqués dans leur domaine ou encore de nouvelles économiques positives pour la région.

On recense aussi 27 nouvelles dites neutres, donc qui traitent d'informations utiles aux citoyens. Il peut s'agir de la programmation d'un festival, d'un compte-rendu d'événement ou de l'annonce de candidats aux prochaines élections, par exemple.

Finalement, on retrouve 25 articles traitant de mauvaises nouvelles, soit des accidents, des incendies, des suivis judiciaires ou des fermetures d'entreprises. Les mauvaises nouvelles représentent donc à peine 30 % des articles publiés sur le site de l'Avantage gaspésien en mai 2019.

Si l'on pousse l'analyse un peu plus loin, on s'aperçoit que sur les dix articles les plus consultés, seulement deux sont des bonnes nouvelles. Dans le cas présent, la bonne nouvelle la plus lue était relative à une ouverture de commerce. La deuxième bonne nouvelle la plus lue traitait d'un contrat important pour une entreprise locale.

En conclusion, le professeur Thierry Watine explique qu'un exercice de jonglerie est nécessaire pour les médias locaux et régionaux. « On doit réussir à faire le travail avec un esprit critique sans nuire à sa communauté. La pression est grande pour plaire à l'ensemble du lectorat. »

NOUVELLES MAI 2019 EN CLICS

MAUVAISES NOUVELLES                 73 %

BONNES NOUVELLES                      15 %

NOUVELLES NEUTRES                    12 %

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