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04 avril 2019

Réunion de crise sur les places en garderie : la Matanie se mobilise sur tous les fronts

Familles

Réunion Matane problème places garderie

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Un comité de parents à l’origine de la création d’un groupe Facebook dénonçant une « situation inquiétante des garderies dans la Matanie » était à l’origine de la rencontre.

Une cinquantaine de parents ont investi la salle civique de l’hôtel de ville de Matane le 4 avril, lors d’une assemblée citoyenne, pour se serrer les coudes et tenter à la fois de réfléchir à des moyens de faire entendre davantage leurs revendications et de résoudre la pénurie actuelle de places en garderie dans la MRC par des solutions à court-terme jugées indispensables.

À voir la cinquantaine de parents réunis dans la salle civique de l’hôtel de ville de Matane avec leurs poupons dans la soirée du mercredi 4 avril, en présence du maire Jérôme Landry, du représentant du député Rémi Massé, René-Jean St-Pierre, du nouveau directeur de la Chambre de commerce de Matane, Alain Gagnon, et de plusieurs conseillers municipaux, on comprenait que la crise actuelle vécue en Matanie par des parents confrontés à un manque de places en garderie appelait une réponse concertée du milieu, pour leur venir en aide. Créé le 22 mars pour trouver une plateforme commune de discussion, le groupe Facebook intitulé « Situation inquiétante des garderies dans la Matanie », comptait déjà 323 membres en date du 4 avril. C’est par son intermédiaire que les parents se sont donné rendez-vous à l’hôtel de ville mercredi soir pour brosser un portrait de la situation et réfléchir à des actions communes à mener au cours des prochaines semaines pour faire entendre leurs voix.

« C’est un stress immense pour nous. Nous nous sentons pris en otage par la situation, qui a joué dans notre choix de ne pas avoir un 3e enfant. » - Un parent confronté au manque de places de garderie à Matane

Un contexte angoissant pour plusieurs familles

Dans une consultation en ligne, les familles touchées par le manque de places en garderies ont eu la possibilité d’illustrer les enjeux qui les submergent. « Je devrai prendre un congé sans solde si nous ne trouvons pas de garderie, ce qui nous endettera grandement. Nous n’avons pas d’autres alternatives que d’augmenter l’offre de service à Matane. C’est un stress immense pour nous. Nous nous sentons pris en otage par la situation, qui a joué dans notre choix de ne pas avoir un 3e enfant ». Des témoignages comme celui-là, qui mentionnent des appels de détresse lancés auprès des grands-parents, des problèmes financiers en attendant que l’enfant aille à l’école, des entreprises fragilisées par des situations familiales qui imposent à l’un des conjoints de quitter le monde du travail, des listes d’attente décourageantes, des décisions de départ de la région ou encore beaucoup d’incertitudes, le groupe Facebook en regorge.

Alors qu’un troisième Centre de la petite enfance (CPE) pourrait voir le jour à Matane en 2020, doté de 80 places, l’immédiateté du problème, dans un contexte où certains parents devaient reprendre initialement leur travail au cours des prochaines semaines, a de quoi inquiéter les jeunes familles. En effet, en plus du manque de places dans les deux CPE actuels, pouvant accueillir jusqu’à 128 bambins, la garderie privée non-subventionnée Les Minis Explorateurs s’est trouvée confrontée à un risque de fermeture en raison de sa situation financière, qui l’a poussée à réduire sa capacité d’accueil, passée de 70 à 53 enfants, et à se tourner vers un nouveau statut d’organisme à but non lucratif (OBNL), pour tenter d’obtenir plus d’aides. Devant l’absence de réponses du ministère de la Famille au sujet de la subvention de places, pour assurer sa survie, la garderie a dû aussi envisager une augmentation de ses frais de garde, qui devraient passer de 40 $ à 50 $ par jour pour un enfant et de 40 $ à 60 $ par jour pour un bébé.

Réunion Matane problème places garderie

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Toutes les générations ont participé à la mobilisation.

Cri du cœur des parents

Parmi les démarches amorcées par les parents mobilisés, des lettres ont été envoyées au ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, pour souligner à quel point, en 2019, il est jugé « aberrant » d’envisager « un congé sans solde ou un retrait du milieu du travail pour un des deux parents faute de place en garderie, mettant la situation financière familiale en péril. »  Regrettant une arrivée trop tardive d’un 3e CPE à Matane, les parents demandent au ministre de « faire preuve d’ouverture et d’humanisme en assurant l’ajout immédiat de places de qualité en milieu de garde à Matane », notamment à travers la subvention des 70 places disponibles aux Minis Explorateurs. L’objectif de l’assemblée citoyenne était avant tout d’organiser une rencontre physique entre les parents, pour dégager plusieurs avenues d’intervention possibles, de pétitions distribuées dans plusieurs entreprises de la région à une manifestation qui pourrait se tenir le samedi 27 avril dans les rues de Matane. La réunion devait sceller les fondations d’une mobilisation qui devrait occuper l’actualité des prochaines semaines et s’étendre à l’ensemble de la communauté.   

Réunion Matane problème places garderie

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Près d'une cinquantaine de parents étaient présents à la salle civique de l'hôtel de ville le 4 avril pour parler du manque de places en garderie.

Des soutiens de toutes parts

Inquiets des effets néfastes qu’une telle situation de crise puisse avoir sur l’attractivité de la Matanie, le maire de Matane et des conseillers municipaux ont souligné qu’ils accompagneront les parents dans leurs démarches. Une résolution a déjà été adoptée le 1er avril en ce sens par les élus, permettant une interpellation symbolique du ministère de la Famille. D’autres municipalités de la MRC ont eu le même réflexe. Une rencontre a eu lieu entre le maire de Matane et les deux députés pour trouver des solutions. Dans un contexte de vifs débats parlementaires au Québec, alors que le gouvernement a annoncé l’ouverture de la maternelle aux enfants de 4 ans, Pascal Bérubé a rappelé à l’Assemblée nationale que cette mesure ne répondait pas aux besoins criants et immédiats des parents d’enfants en bas âge à la recherche de places à très court terme.

Le président de la Chambre de commerce a indiqué pour sa part qu’il en discutera autour de lui, pour voir dans quelle mesure des entreprises de la région pourraient apporter leur soutien aux parents risquant de devoir démissionner. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, des organismes comme Place aux jeunes en région et le Service d’accueil des nouveaux arrivants de la Matanie ont aussi rédigé des lettres de soutien.

Le CLSC (Centre local de services communautaires) de Matane et le CISSS du Bas-Saint-Laurent (Centre intégré de santé et de services sociaux) ont été approchés aussi pour voir quelle forme pourrait prendre leur engagement dans ce dossier. L’option des services de garde en milieu familial a également été abordée, et les parents ont choisi de faire appel à l’entraide des clubs de l’âge d’or pour mobiliser toutes les générations dans ce combat dont l’issue devrait permettre de voir si la Matanie est bel et bien un lieu compatible ou non avec les jeunes familles.

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