14 février 2019

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©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Kaméléart regrette des divergences de vue avec la Ville sur la gestion du Barachois et préfère entamer une pause pour mieux réfléchir à ses valeurs et à sa mission de diffuseur de spectacles en Matanie.

Tout en remerciant la Municipalité du soutien matériel et financier apporté à Kaméléart au fil des ans, son président par intérim, Bobby Marmen, a profité d’une rencontre avec la presse le 14 février pour regretter des divergences avec la Ville autour de la vision de son rôle de diffuseur de spectacles, autour duquel l’organisme culturel entend se recentrer durant une année de réflexion qui devrait lui permettre de réévaluer sa mission, pour desservir au mieux la population sur le plan culturel et se restructurer. « On sent que notre place a besoin d’être mieux définie. Nous sommes plus ou moins à l’aise avec le cadre dans lequel on veut nous placer. Nous ne prenons pas cette décision sur un coup de tête. Si cette pause-là est bénéfique pour trente ans de culture dans la Matanie, nous en serons très fiers », a déclaré M. Marmen, en expliquant qu’au cours des dernières semaines, plusieurs avenues avaient été explorées par l’organisme.

Du 21 février au 30 avril, sept spectacles seront encore diffusés à Matane. Au cours des prochains mois, un conseiller spécialisé sera embauché par l’organisme pour aider Kaméléart à trouver son autonomie par la suite, à l’issue d’une réflexion autour de son financement, de son administration, de la gestion de sa billetterie et du lieu de diffusion de ses spectacles. Bobby Marmen a affirmé par ailleurs avoir reçu le soutien du Réseau des organisateurs de spectacles de l’Est-du-Québec (ROSEQ) et du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) dans le choix de ce cheminement. À noter qu’aucune dissolution n’est envisagée par Kaméléart, qui veut conserver son titre de diffuseur et espère être en mesure de rebondir dès l’an prochain.

Des divergences avec la Ville

Le président de Kaméléart a précisé que l’ingérence et les attentes de la Municipalité avaient été au cœur de cette décision difficile ayant poussé l’organisme à ne pas signer les nouvelles ententes proposées sur la gestion du Barachois ainsi que le soutien financier accordé par la Ville. Bobby Marmen a souligné notamment des divergences dans la définition du rôle de Kaméléart. « On a refusé de signer une entente qui nous contraignait dans la gestion du Barachois, qui n’est pas notre mission première. On voulait déterminer à notre place le nombre de spectacles à diffuser. Nous croyons que c’est à notre organisme de prendre cette décision. Je ne crois pas que notre programmation soit trop lourde pour la région. On pourrait en faire beaucoup plus. Il y a place à beaucoup de culture à Matane, où je crois que la population a soif de spectacles. Jouer un autre rôle que celui de diffuseur au Barachois ne nous convient pas », a complété le président de Kaméléart, qui a précisé que l’intention de la Ville de faire appel à un opérateur pour développer l’offre de loisirs sur place durant l’été allait engendrer des problèmes de logistique importants, à la fois dans la gestion du bar ou de l’équipement scénique.

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Bobby Marmen, président par intérim de Kaméléart.

« Nous allons profiter de cette pause pour effectuer des sondages auprès de la population pour voir ce qui est attendu de nous. » - Bobby Marmen, président par intérim de Kaméléart

Un retrait du projet de salle de spectacle

Le président par intérim de l’organisme culturel en a profité pour annoncer aussi le retrait de Kaméléart du projet de Carrefour de diffusion et de création des arts et de l’innovation. Soulignant les besoins tout aussi importants des différents acteurs culturels de Matane autour de cette nouvelle salle de spectacle, M. Marmen a émis des doutes concernant la résolution des problématiques de l’ensemble des organismes à l’intérieur d’un seul projet et préfère se retirer du dossier. « Nous avons conscience que nous n’aurons plus de droit de regard sur ce projet, que nous regrettons de ne pas voir poindre à court terme. Pour nous, le point crucial pour la poursuite de nos activités, c’est d’avoir un lieu de diffusion adapté », a poursuivi le président de Kaméléart, en rappelant que les salles de la polyvalente et du cégep, par leur taille imposante, entraînaient une augmentation du coût des cachets demandés par les artistes, sans parvenir pour autant à les remplir. « Il est certain que Kaméléart ne pourra pas construire à lui seul une salle de spectacle adéquate. Nous allons profiter de cette pause pour effectuer des sondages auprès de la population pour voir ce qui est attendu de nous. C’est une décision qui a été très difficile à prendre », a-t-il conclu.

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Kaméléart, fondé en 1982, organise des spectacles au Barachois depuis le début des années 1990.