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19 septembre 2018

Saint-Jérôme bientôt fermée, en vente et clôturée : la Ville regrette la précipitation de la fabrique

Église Saint-Jérôme Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

La fabrique de la paroisse Cœur-Immaculé-de-Marie, confrontée à une situation déficitaire menaçant la survie de la communauté chrétienne de Matane, a annoncé la fermeture prochaine de l’église Saint-Jérôme, qui sera suivie d’une mise en vente officielle du bâtiment et de l’installation de clôtures autour de son enceinte.

Lors d’une conférence de presse convoquée dans la matinée du mardi 18 septembre, la fabrique de la paroisse Cœur-Immaculé-de-Marie a voulu apporter des précisions concernant l’avenir de l’église Saint-Jérôme au cours des prochains mois. Après la dernière messe, prévue le 7 octobre, le bâtiment patrimonial serait fermé, mis en vente puis clôturé dans les semaines qui suivent. La Ville de Matane regrette cette précipitation et soutient les défenseurs de l’église, laïcs et paroissiens, dans leur demande de moratoire.

« L’état des finances actuel de la paroisse ne nous laissait pas d’autres solutions. Nous comprenons que la Ville ait besoin de temps pour réfléchir à son projet de salle de spectacle mais son refus d’assurer le chauffage du bâtiment cet hiver nous contraint à fermer l’électricité sur place, à stopper le déneigement cet hiver pour le stationnement et à installer une clôture tout autour de l’édifice à cause de l’état du clocheton et de la cheminée. L’argent qu’il nous reste doit servir à la pastorale ainsi qu’à assurer notre masse salariale de 260 000 $. Si on s’en sert pour l’église Saint-Jérôme, il n’y aura plus de communauté chrétienne à Matane d’ici à un ou deux ans. Nous ne garantissons même pas que l’église Saint-Rédempteur ne fermera pas dans 5 ans étant donnée notre situation déficitaire », a expliqué le président de la fabrique, Michel Barriault, qui a demandé aux citoyens de faire pression sur la Ville de Matane pour qu’elle s’approprie l’église pour 1 $ symbolique et puisse ainsi assurer la conservation du patrimoine bâti. M. Barriault a tenu à préciser que la Ville serait la première informée si la fabrique recevait des offres d’achat intéressantes durant l’automne.

Conseil de fabrique paroisse Coeur-Immaculé-de-Marie Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Le conseil de fabrique, conscient de la pénibilité de son choix, l'a justifié en déclarant vouloir assurer la survie de la communauté chrétienne de Matane, menacée par les déficits engendrés par la désaffection des paroissiens.

« À une époque pas si lointaine, nous connaissions des constructions d’églises. Pour ma part, jusqu’à la fin, je sais que je ne serai confronté qu’à des fermetures », a déclaré l’abbé Normand Lamarre, selon qui, d’ici à 5 ans, la moitié de la totalité des églises de l’ensemble des diocèses québécois devraient fermer leurs portes. « Devant cette situation pénible à vivre, l’attitude chrétienne à adopter est d’accepter de faire ce deuil pour susciter une vie nouvelle. J’ai confiance que cette pauvreté qui va être la nôtre va peut-être nous amener à coller davantage à l’Évangile. Ce n’est pas pour rien que le pape actuel ait voulu s’appeler François. La véritable église n’est pas faite de béton mais de personnes qui adhèrent à Jésus-Christ. Je ne crois pas que le Seigneur attende de nous des lieux de rassemblement gigantesques et pleins de dorures », a poursuivi le prêtre, en rappelant que la désaffection actuelle des églises ne pouvait plus permettre l’entretien de bâtiments autrefois soutenus financièrement par presque l’ensemble de la communauté.

Une précipitation critiquée par la Ville

Le comité de réflexion constitué pour récolter les demandes du milieu culturel matanais et imaginer le lieu idéal pour l’installation d’un carrefour des arts numériques à Matane devrait se prononcer au début de l’année 2019 sur le lieu choisi pour l’installation de ce prochain pôle. Selon le maire de Matane, deux sites auraient retenu leur attention jusqu’ici, dont l’église Saint-Jérôme. M. Landry regrette néanmoins de voir le calendrier de la Ville subir la pression de la fabrique.

« Nous ne comprenons pas leur empressement à fermer l’église. Nous n’avons pas cessé de montrer notre volonté de redynamiser le centre-ville et l’installation de clôtures autour de Saint-Jérôme nous ferait vivre une situation similaire à celle de Rimouski. Nous ne trouvons pas que ce genre de pression soit justifié. Si la fabrique a les moyens d’installer des clôtures autour de l’église, c’est qu’elle doit avoir aussi les moyens de la chauffer un minimum pendant l’hiver. L’installation d’une clôture autour du bâtiment est bien légale mais nous ne la trouvons pas justifiable. Dans d’autres municipalités, comme à Lac-aux-Saumons, les changements de vocation des églises ne posent pas toujours autant de problèmes. Nous espérions de la fabrique qu’elle coopère avec la Ville autrement que par ultimatum », a regretté le maire de Matane, qui a apporté son soutien au groupe de défense de l’église Saint-Jérôme dans leur volonté de demander un moratoire sur cette fermeture.

Église Saint-Jérôme de Matane

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Une clôture devrait être installée durant l'automne autour de l'église, qui célèbrera sa dernière messe le 7 octobre.

Un groupe hétéroclite de défenseurs

Depuis l’annonce de la fermeture de l’église Saint-Jérôme par la fabrique le 28 février dernier, s’est constitué à Matane un groupe de défenseurs du bâtiment, comprenant à la fois des paroissiens, des représentants de Patrimoine Matane et des laïcs attachés à la valeur historique et architecturale de l’édifice, dont l’architecture intérieure, innovante à l’échelle du Québec, est inspirée du style Dom-Bellot, choisi lors de sa reconstruction après l’incendie de 1933.

Entre l’envoi d’une pétition de 400 signatures à l’archevêché, un recours au Vatican et une rencontre avec Mgr Grondin durant l’été, ces défenseurs ont choisi de s’unir au sein d’un groupe hétéroclite dont la ligne de communication a été transmise à la Ville lors de la dernière séance du conseil. « Nous ne prétendons pas que l’analyse du conseil de fabrique soit complètement erronée. Nous soutenons cependant que l’état général du bâtiment est meilleur que ce qu’on en dit. Des solutions créatives pour sauver des presbytères et des églises, il y en a partout. Encore faut-il laisser aux gens le temps de s’organiser et de réfléchir aux solutions. Notre principal grief est relatif à l’empressement de procéder de façon unilatérale à la fermeture », a rédigé le porte-parole du groupe de défense, Pierre Perreault, en demandant un moratoire sur la fermeture et l’arrêt immédiat de toute manœuvre visant à rendre irréversible le processus.

Église Saint-Jérôme de Matane groupe de défense

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Un groupe hétéroclite de défenseurs de l'église s'est constitué au fil des mois, récemment soutenu par la Ville dans sa demande de moratoire.

En attendant, une société de vie apostolique attachée à la liturgie traditionnelle du rite romain, la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, a été approchée récemment par ce groupe de défense pour constituer une avenue possible de sortie de crise pour maintenir l’église en vie. L’archevêque de Rimouski ne s’est pas prononcé sur cette piste éventuelle.

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