16 novembre 2018

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©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Dans l’après-midi du vendredi 16 novembre, une quinzaine de fermières du cercle de Matane sont venues tricoter au centre commercial de la Promenade du Saint-Laurent lors d’une campagne de visibilité.

À voir les fermières de Matane bavarder en cercle avec entrain, le regard oscillant subrepticement entre leur interlocutrice et l’ouvrage qui occupait leurs doigts agiles, les clients du centre commercial ont pu être surpris, ce vendredi, par le tableau qui avait de quoi détonner au milieu de la foule agitée de la Promenade du Saint-Laurent, affairée à ses emplettes. Dans l’après-midi, une quinzaine de fermières sont venues présenter le fruit de leurs travaux manuels : bas de laine, tuques d’hiver, bonnets pour bébés, napperons, linge de vaisselle et une série de châles tricotés pour des personnes âgées d’un foyer matanais. Il s’agissait de la 4e édition de cette activité d’échanges et de rencontres présentée dans le cadre d’une opération visibilité cherchant à ramasser des fonds pour régler le montant de leur loyer à l’école Marie-Guyart et tenter de recruter de nouveaux membres dans ce cercle qui comprend 78 inscriptions, dont 20 femmes particulièrement actives.

Un anniversaire important en 2019

« Le Cercle de fermières de Matane a été fondé en 1939. Nous réfléchissons présentement à des activités particulières que nous organiserons l’année prochaine pour célébrer nos 80 ans », s’est enthousiasmée Jocelyne Nadeau, secrétaire du cercle matanais, qui fait partie des près de 650 cercles répertoriés au Québec et regroupés en une vingtaine de fédérations. Illustrant leur sens de la solidarité, grâce aux liens noués entre elles par le travail mais aussi au soutien apporté à différents organismes, dont la Fondation OLO, qui vient en aide aux femmes enceintes dans le besoin, les fermières de Matane continuent ainsi à s’impliquer dans la vie de leur communauté, tout en sauvegardant, selon leur mission patrimoniale, les savoir-faire ancestraux transmis d’une génération à l’autre dans le domaine du textile et des arts culinaires.

Cent ans d’histoire

C’est en 1915, pour lutter contre l’exode rural et l’industrialisation galopante, que l’agronome Alphonse Désilets et le sous-ministre de l’Agriculture à Ottawa, Georges Bouchard, ont créé le premier Cercle de fermières québécois, à Chicoutimi. Les travaux de tissage, de filage et de tricot, tout comme les activités agricoles et artisanales pratiquées par ces femmes avaient alors pour objectif de redorer le blason de la vie rurale, sous la houlette de l’Église, dont les fermières se sont séparées après la Seconde guerre mondiale, ayant pris un ascendant civique et moral incompatible avec la volonté de domination sociale du clergé de l’époque. « Ils sont même allés jusqu’à des menaces d’excommunication », a rappelé l’ancienne présidente de l’Association des Cercles de fermières du Québec, Louise Lagarde.

Après avoir joué un rôle non négligeable dans la restructuration économique de l’après-guerre, les fermières, conscientes de leur pouvoir d’influence, se désengagent du ministère de l’Agriculture en 1968 afin de s’ouvrir à toutes les femmes soucieuses de l’avenir de leur société. Aujourd’hui confrontés au vieillissement de leurs membres, les Cercles de fermières n’en demeurent pas moins, selon Mme Lagarde, « la plus grande association féminine de la province », avec près de 34 000 membres.

©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Différentes créations artisanales des fermières du cercle de Matane étaient présentées à la population vendredi après-midi, au centre commercial de la Promenade du Saint-Laurent.