La Coalition urgence port de Matane interpelle le gouvernement sur la décrépitude du quai

Alors qu’en août dernier le gouvernement fédéral avait annoncé le transfert, d’ici au 30 mars 2020, du port commercial de Matane au gouvernement du Québec, la Coalition urgence port de Matane a voulu tirer la sonnette d’alarme sur la décrépitude des lieux et avertir le nouveau gouvernement caquiste de la situation pour réclamer une mise à niveau rapide de l’infrastructure. « Des études crédibles confirment que la fin de la durée de vie utile du quai commercial du port de Matane est prévue pour 2022. Sachant qu’une reconstruction surviendra dans les premières années qui suivront la cession du port, le scénario laisse peu d’erreurs à l’agenda », a rappelé le directeur du FIDEL de la Matanie (Fonds d’innovation et de développement économique local), Jean Langelier, co-porte-parole de la Coalition.   

Selon lui, compte tenu de l’accélération de la dégradation du quai, l’urgence de la situation exigerait qu’une rencontre avec les ministres canadiens et québécois responsables du dossier survînt à Matane le plus tôt possible, afin de rassurer les utilisateurs actuels du quai commercial. « Nous demandons une rencontre imminente avec les autorités concernées afin de connaître les moyens mis en place rapidement pour conserver un usage adéquat de notre quai d’ici à sa reconstruction complète », a déclaré M. Langelier, en insistant sur la dégradation actuelle du site à Matane, qui génère de l’inquiétude dans le milieu économique de la région.

Selon une étude préliminaire effectuée par Transports Canada, la capacité portante de certains secteurs du quai devra être réduite, jusqu’à les rendre parfois impraticables. Le quai commercial actuel du port de Matane ne dispose plus désormais que d’une longueur utilisable de 147 sur 187 mètres et d’une capacité portante de 24 kPa (kilopascals) sur 50 à l’origine. Selon la Coalition urgence port de Matane, des sections du quai sont ainsi devenues interdites au trafic lourd et ne peuvent plus servir de lieux d’entreposage. D’autres sections ont quant à elles été complètement condamnées, ne supportant plus aucune charge. À noter que plus de 80 % des navires utilisant le quai de Matane, et qui concernent l’entreprise de pâte à papier Rayonier, peuvent encore accoster jusqu’à présent, même si la capacité portante du quai devrait continuer à diminuer dans les années à venir pour tomber, selon l’étude préliminaire mentionnée plus haut, à 21 kPa.

« Nous avons reçu ces informations d’une étude préliminaire de Transports Canada, qui nous indiquait que certaines zones du quai, qui avaient été condamnées, n’étaient plus du tout utilisables. Un rapport définitif devrait être émis dans les prochains mois, mais d’après les premiers résultats, la diminution de la capacité portante est telle que le ravitaillement des bateaux en carburant ne peut plus s’effectuer. Nous devons aussi parfois appeler les compagnies maritimes pour leur demander une accommodation et changer leur plan de chargement en fonction de la capacité d’accueil du quai », a expliqué Marie-Lyne Morneau, directrice générale du terminal de Matane pour l’entreprise Terminaux portuaires du Québec, une filiale de QSL, un opérateur de terminaux maritimes fondé au Québec en 1978.

Bien que la collaboration de Transports Canada à cette cession du quai au gouvernement provincial soit déjà acquise, et malgré des promesses de consultation du milieu économique matanais avant que le ministère des Transports du Québec ne prenne une décision sur le type de quai à reconstruire, la Coalition urgence port de Matane se demande si les utilisateurs actuels pourront toujours y accoster d’ici à ce que la reconstruction de l’infrastructure soit complétée.

« Nous voulions que la nouvelle équipe ministérielle en charge du dossier soit parfaitement mise au courant de la situation. Les investissements nécessaires au maintien du quai commercial dans un bon état de fonctionnement n’ont pas été réalisés par le gouvernement fédéral », a regretté le maire de Matane, Jérôme Landry, en dénonçant le fait que la qualité actuelle de l’infrastructure ne permette pas le développement économique de la région.

« Si des actions concrètes ne sont pas réalisées sous peu, il y a un risque que des industries de Matane soient confrontées à des choix critiques pour leur avenir, dont nous ne voulons en aucun cas », a insisté l’élu. Rappelons que près de 750 emplois dépendraient de l’activité maritime au quai commercial de Matane, qui génèrerait par ailleurs près de 78 M$ de retombées économiques.