28 septembre 2018

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

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©Photo Dominique Fortier - L'Avantage Gaspésien

Le président sortant Steve Roy et les autres membres du conseil d'administration claquent la porte quelques minutes après le dépôt d'une pétition demandant leur démission en bloc.

Les employés, professionnels de la santé ainsi que plusieurs citoyens attendaient impatiemment cette assemblée générale annuelle ayant comme trame de fond, la fermeture prolongé du Sentier de l’Espoir. On retrouvait aussi le préfet, Allen Cormier dans la salle ainsi que la psychiatrique, Dre Viviane Lew et Annick Lepage de l’organisme Droits et recours en santé mentale.

La tension était à couper au couteau dès le début de l’assemblée et rapidement, des commentaires se faisaient entendre dans la salle lorsque les membres du conseil d’administration ou l’ex-directeur par intérim, Éric Landry, prenaient la parole. L’administratrice, Colette Vallée a donné le ton dès le départ lorsqu’un membre du public a lancé « On n’entend pas, pouvez-vous parler plus fort? » Elle lui a répondu du tac au tac: « Rapprochez-vous! »

Le premier coup de théâtre a été quand Jasmine Lalonde de l’organisme La Démêlée, qui agissait déjà comme conseillère auprès des employés du Sentier de l’Espoir a été nommé comme présidente d’assemblée.

Annick Lepage s’est également imposée comme médiatrice tout au long de la rencontre en y allant de commentaires bien sentis tel : « C’est questionnant de constater que les usagers n’ont pas le droit de vote » ou encore « Ce n’est pas normal que le taux d’achalandage soit si bas au centre d’hébergement dans la MRC la plus pauvre. » En fait, selon les documents fournis, le Sentier aurait un taux d’occupation de 40 %. Un autre document évoque plutôt une tendance contraire alors qu’on mentionne 90 demandes d’hébergement pour l’année 2017-2018 dont trois refus faute de chambres disponibles.

Cette dernière a aussi rappelé au conseil d'administration qu'au terme de huit mois, de beaucoup de frais et de deux analyses de firmes de gestion indépendantes, le plan d'action proposé pour l'avenir de l'organisme reposait sur une seule page où l'on peut notamment y lire: « Définir un plan stratégique sur cinq ans découlant d'un exercice de planification stratégique ».

Les esprits s’échauffent

La foule qui en avait visiblement gros sur le cœur y est allée de plusieurs commentaires à l’endroit du conseil d’administration et d’Éric Landry lorsque ceux-ci tentaient de justifier pourquoi le centre était fermé depuis si longtemps.

Annick Lepage est revenue à la charge lorsqu’on a annoncé que les états financiers n’étaient toujours pas prêts. « Les états financiers sont le cœur du fonctionnement d’un organisme. C’est la responsabilité du conseil de respecter les délais, spécialement pour un organisme qui est en crise et fermé depuis huit mois. J’estime que ça n’avance pas vite et c’est désolant puisque c’est une clientèle fragile et vulnérable qui en paye le prix. »

Le préfet, Allen Cormier y a ajouté son grain de sel en mentionnant 15 plaintes qui avaient été déposées au Commissaire aux plaintes du CISSS-Gaspésie. « J’ai entendu dire qu’il y avait eu un cas de suicide en raison de la fermeture du centre. On m’a aussi dit que la Sûreté du Québec ne savait plus quoi faire de certaines personnes en crise et que certains se retrouvaient plutôt en prison. Il y a un impact social énorme et des impacts économiques importants pour les employés. » Ce dernier a également souligné qu’il ne concevait pas qu’aucune solution n’ait été trouvée après huit mois.

Affrontement et démission… ou pas?

Dre Viviane Lew a déploré que le département psychiatrique de l’hôpital n’ait jamais été mis au courant de la fermeture du Sentier de l’Espoir. Elle a également dénoncé que le terme « refiler » soit utilisé pour parler de clients venant de l’extérieur de la Haute-Gaspésie. « C’est méprisant et je suis outrée d’entendre ça. Je ne peux qu’imaginer ce que ressentent les employés si vous les traitez de la même façon. » Cette intervention a semblé amuser Éric Landry qui a esquissé un sourire.

Tout à coup, une citoyenne arrive à l’avant et dépose une pétition de 450 noms demandant la démission en bloc du conseil d’administration, évoquant que ces derniers n’avaient plus la légitimité pour diriger l’organisme.

©Photo Dominique Fortier - L'Avantage Gaspésien

Jasmine Lalonde

C’est alors que l’un des administrateurs, Régis Marin, s’est levé disant que le conseil démissionnait en bloc. Éric Landry s’est ensuite rendu à la table du conseil pour discuter à voix basse avec les administrateurs. Finalement, Colette Vallée, Rolande Pouliot et le président sortant, Steve Roy ont quitté. Régis Marin est resté sur place et une sévère prise de bec s’en est suivie avec un autre individu où chacun s’invectivait mutuellement. Après l’intervention de quelques personnes, Régis Marin a quitté suivi de Lauris Campion.

Au final, il a été impossible de déterminer qui avait véritablement démissionné. Tous les membres, à l’exception de Steve Roy qui était à la fin de son mandat, devront être contactés afin de savoir quelle est leur réelle intention.

©Photo Dominique Fortier - L'Avantage Gaspésien

Selon le président sortant, Steve Roy, le rassemblement de dix personnes de septembre dernier a considérablement ralenti le processus de réorganisation.

Encore un coup de théâtre

La période de mise en candidature pour les postes d’administrateurs officiellement vacants a été ouverte. Quatre personnes ont été proposées. Trois d’entre elles ont refusé, évoquant un manque de temps ou une santé trop fragile laissant ainsi Denise Perée, seule nouvelle administratrice élue.

La prochaine étape sera donc de savoir qui siège encore au conseil, de convoquer une prochaine assemblée pour le dépôt des états financiers et de permettre aux citoyens qui voudraient devenir membres avec droit de vote d’acquérir une carte de membre officielle. Ce qu’il a été permis d’apprendre est que certains membres qui auraient voulu se présenter pour un poste d’administrateur avaient vu leur membership être révoqué par le conseil avant la tenue de l’Assemblée générale annuelle.

Les sentiments étaient donc partagés au terme de cette assemblée qui, autant orageuse fût-elle, aura finalement amené plus de questions que de réponses.