20 août 2018

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©Stéphane Quintin - L'Avantage Gaspésien

Rémi Massé était présent lundi matin à l’usine matanaise Les fruits de mer de l’Est pour annoncer un projet pilote du gouvernement canadien visant les travailleurs saisonniers et l’enjeu du trou noir.

Le député fédéral Rémi Massé s’est rendu à Matane lundi pour annoncer des changements au niveau du système de l’assurance-emploi, visant notamment à faire face à la problématique du « trou noir », cette période durant laquelle les personnes bénéficiant d’un emploi saisonnier ont épuisé l’ensemble de leurs prestations d’assurance-emploi avant même d’avoir déjà repris leur travail. À noter que le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie font partie des régions canadiennes où la proportion de prestataires saisonniers par rapport à la population active totale est la plus élevée du pays.

M. Massé a annoncé que le gouvernement canadien investira ainsi près de 189 M$ pour mettre en œuvre un projet pilote de deux ans visant à offrir jusqu’à cinq semaines supplémentaires de prestations d’assurance-emploi aux salariés des industries saisonnières admissibles dans cinq régions ciblées du Québec, dont la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent. Ces cinq semaines seront offertes aux travailleurs qui commencent à toucher des prestations entre le 5 août 2018 et le 30 mai 2020.

Par ailleurs, 41 M$ seront investis sur deux ans pour mettre en place, de concert avec l’ensemble des provinces et des territoires, des subventions salariales ainsi que des programmes de formation professionnelle et d’aide à l’emploi destinés aux travailleurs saisonniers dans le cadre d’ententes sur le développement du marché du travail. « Il s’agira de développer des partenariats entre les provinces pour mettre en place des mesures encore plus ciblées », a résumé le député en précisant que ce projet pilote permettrait de venir en aide à environ 24 500 travailleurs saisonniers du Québec.

Un effort salué mais encore insuffisant    

Alors que l’annonce était effectuée par Rémi Massé dans la cafétéria de l’usine Les fruits de mer de l’Est, plusieurs travailleurs présents n’ont pas hésité à lui faire part de leurs inquiétudes, expliquant les difficultés rencontrées durant la saison pour obtenir leur quota d’heures avec seulement trois jours de travail par semaine et les répercussions financières qu’une telle situation pouvait avoir sur les personnes vivant seules. Conscient que certains travailleurs saisonniers avaient du mal à accumuler assez d’heures de travail pour avoir droit à suffisamment de prestation d’assurance-emploi durant la saison morte, le député Rémi Massé a expliqué que le gouvernement du Canada s’engageait à examiner et moderniser le système afin de venir en aide aux travailleurs ne bénéficiant pas de filet de sécurité suffisant.

M. Massé a expliqué notamment que le nombre d’heures pendant lesquelles un travailleur pouvait recevoir de l’assurance-emploi était calculé aussi en fonction du taux de chômage dans la région et que davantage de travailleurs risquaient ainsi d’être touchés par le trou noir en cas de baisse du chômage. « Le gouvernement est conscient des difficultés occasionnées pour les travailleurs saisonniers et nous avons pris ces mesures à la suite d’une période de consultation durant laquelle c’était un enjeu évoqué de manière récurrente », a rappelé M. Massé.

©Stéphane Quintin

Le député fédéral Rémi Massé a été interpelé par des travailleurs saisonniers à l'usine Les fruits de mer de l'est du Québec au sujet du trou noir et de ses implications financières.

Quant à la directrice générale adjointe de l’usine, Anny Villeneuve, elle a reconnu que de telles mesures étaient les bienvenues à Matane, étant donnée la saison plus difficile rencontrée cette année en raison de coupures de l’ordre de 40 % dans l’approvisionnement des crevettes. « La centaine de travailleurs saisonniers de l’usine sera plus durement touchée cette année par le trou noir à cause de la baisse des quotas de pêche », a-t-elle regretté. Elle a mentionné par ailleurs que des investissements de 2,1 M$ avaient été réalisés cet hiver pour convertir environ 25 % de l’usine au domaine de la transformation du crabe des neiges, permettant aux travailleurs de pouvoir bénéficier de quelques heures d’ouvrage supplémentaires et de commencer la saison plus tôt.