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25 septembre 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Moments difficiles dans l'industrie du turbot

RIVIÈRE-AU-RENARD

Flétan

©Photo depositphotos.com

Le flétan du Groenland est de moins en moins observé par les pêcheurs dans le golfe du Saint-Laurent.

Si la situation est critique dans l’industrie de la crevette nordique, celle du flétan du Groenland – le turbot – n’est pas plus rose.

Lors de la saison de pêche 2022-2023, les débarquements préliminaires dans le golfe du Saint-Laurent ont totalisé 930 tonnes, ce qui représente 46 % de l’allocation de pêche aux engins fixes et la plus faible valeur observée depuis 1970. L’effort de pêche montre une tendance à la baisse à l’échelle du golfe depuis 2013, note Pêches et Océans Canada dans son plus récent avis scientifique du poisson.

Plus qu’une tendance à la baisse, c’est l’hécatombe pour la présente saison. À tous le moins selon plusieurs comme l’entreprise Les Pêcheries Gaspésiennes de Rivière-au-Renard, qui transforme le turbot depuis plusieurs années. Le flétan du Groenland représente habituellement 60% de ses volumes annuels de transformation, parfois davantage. L’usine emploie 75 personnes, dont 45 y sont normalement affectées. Environ 50% de leurs turbots sont vendus au Québec alors que l’autre moitié est vendue aux États-Unis et en Asie.

Sauf que les prises sont désastreuses cette année. À peine 24 000 kilos avaient été acheminés en date de la semaine dernière. En comparaison, l’an dernier, c’était plutôt 268 000 kilos pour une saison jugée correcte. En 2016 et 2017, deux années jugées normales : 600 000 kilos. « C’est catastrophique. Je n’en ai même pas assez pour en vendre au détail à ma propre poissonnerie. J’en cherche présentement », lance d’emblée le directeur général, Olivier Dupuis.

Ce dernier est actuellement en démarche pour en dégoter à Terre-Neuve et en Norvège puisque les approvisionnements actuels entrent au compte-gouttes. Au-delà de la ressource, le gestionnaire espère pouvoir offrir assez de travail pour que ses employés puissent se qualifier à l’assurance-emploi. Le chiffre magique est de 19 semaines cette année.  « Présentement on reçoit des petits lots de 500, 600 ou 1000 kilos, mais ce sont les mêmes coûts fixes. Ç’a vraiment une grosse répercussion, mais la pire c’est que les travailleurs ne travaillent pas. On les a affectés à des taches secondaires, mais il y a des limites et ce ne sont pas des tâches qui amènent du revenu. On fait ça parce qu’on ne veut pas les perdre, mais ce n’est pas une façon de gérer une entreprise », ajoute Olivier Dupuis.

Et l’herbe n’est pas plus verte chez le voisin. Chez Cusimer à Mont-Louis, l’usine a transformé à peine 25% de ses poissons pour un manque à gagner de près de 900 000 $, rapportait récemment Radio-Canada. En date du 31 août, seuls 152 débarquements avaient été comptabilisés en Gaspésie et sur la Côte-Nord pour 142 815 kilos. Dix fois plus de turbots avaient été capturés en 2017 pour les deux régions, soit 1 463 243 kilos grâce à 825 débarquements.

Aux Pêcheries Gaspésiennes, malgré des produits secondaires comme la morue salée-séchée, le homard ou le fumage, il faudra assurément se diversifier et trouver d’autres avenues si la situation du turbot ne se redresse pas.

Depuis juin, Olivier Dupuis tente de développer le marché du sébaste avec des pêches exploratoires et indicatrices puisque l’ouverture de la pêche commerciale se fait toujours attendre à Ottawa. « Localement, ç’a très bien répondu, mais il va falloir travailler fort pour la province et l’exportation. C’est une des avenues, mais pas la seule, et c’est plutôt à moyen terme qu’à court terme. Ce n’est pas le sébaste qui va tout régler. »

Pêcheries Gaspésiennes

©Jean-Philippe Thibault - L'Avantage Gaspésien

Le flétan du Groenland représente habituellement 60% des volumes annuels de transformation des Pêcheries Gaspésiennes.

Le directeur général interpelle par ailleurs Québec et Ottawa afin que des mesures exceptionnelles soient mises en application pour les travailleurs saisonniers qui ne pourront pas se qualifier à l’assurance-emploi en raison du manque de ressources. Aucune annonce n’avait été faite en ce sens au moment de mettre sous presse.

Les équipes scientifiques à Ottawa ont déjà le problème dans la mire. Le directeur général régional de Pêches et Océans Canada, Sylvain Vézina, est lui aussi surpris de voir la ressource absente, disant tout même attendre la fin de la saison avant de se prononcer. « Dans le courant de l’hiver on va pouvoir vous revenir. Si des décisions ont besoin d’être révisées, on va attendre les données scientifiques. C’est une situation un peu surprenante pour tout le monde », convient-il.

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