Présence d’orignaux sur la 132 : une spécialiste de la grande faune explique le lien avec le déglaçage

©Photo L’Avantage gaspésien – Archives

Alors qu’au début du mois, à l’occasion de la fête du Canada, une vidéo d’orignal nageant dans le fleuve, au large du Riôtel de Matane, avait généré des centaines de partages sur les réseaux sociaux, une spécialiste de la grande faune du Québec a expliqué les principales raisons qui poussaient ces grands mammifères à sortir du bois, et qui sont liées en partie au déglaçage des routes durant l'hiver et au printemps.

Si la présence d’orignaux est beaucoup plus condensée dans le milieu forestier de la région, les panneaux de signalisation de l’animal au bord de la route indiquent néanmoins qu’il n’est pas rare de les voir sortir du bois pour se rendre jusqu’au bord du fleuve ou rejoindre la route 132. Une raison importante de leur présence à ces endroits, selon Élise Roussel-Garneau, biologiste spécialisée dans la grande faune au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (ours, orignal, cerf de Virginie et dindon sauvage) serait la présence de sodium dans les fossés et les mares d’eaux stagnantes sur le bord des routes, en raison du sel de déglaçage utilisé durant l'hiver et au printemps. « Les orignaux sont très attirés par le sodium, qui favorise une bonne croissance de leurs bois, essentielle pour réussir à se distinguer durant la période de rut à l’automne. Les sels minéraux sont efficaces aussi pour le remplacement des poils perdus durant la mue et répondent aux besoins associés à la lactation chez les femelles. C’est pourquoi ils fréquentent les abords des routes où des sels de déglaçage ont été appliqués durant l’hiver. Au cours de l’été, ils fréquentent aussi les salines et les plans d’eau où ils se nourrissent de plantes aquatiques qui répondent à ces besoins », a-t-elle expliqué en précisant que la recherche de sodium chez l'animal se faisait plus forte au printemps et à l’été.

Les orignaux sont très attirés par le sodium, qui favorise une bonne croissance de leurs bois, essentielle pour réussir à se distinguer durant la période de rut à l’automne. -Élise Roussel-Garneau, spécialiste de la grande faune au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

Pourquoi sont-ils plus présents sur le bord des routes le soir et le matin ?

Selon la spécialiste du ministère de la Faune, les orignaux sont confrontés à une vraie problématique de thermorégulation durant l’été. Autant l’hiver, d’après ses indications, ils parviennent à se tenir au chaud grâce à leur poil, en vivant en groupe ou en allant chercher le soleil sur les côteaux méridionaux des montagnes, autant l’été, au-delà de 15°C, ils doivent économiser leur énergie le plus possible en gagnant la fraîcheur des couverts forestiers ou en profitant de leurs bonnes compétences de nageur pour s’immerger dans les plans d’eau. Ces derniers leur permettraient aussi d’échapper au harcèlement des insectes piqueurs, très présents au début de la saison estivale. « Il n’est pas rare de voir des orignaux perdus à ce moment-là en raison des parasites qui puisent toute leur énergie et les rendent parfois confus, fragilisant leur sens de l’orientation », a poursuivi Mme Roussel-Garneau. C’est la raison pour laquelle, étant donnée leur indolence durant la journée, il est plus probable de les croiser au moment de l’aurore et du crépuscule, qui présentent des températures plus clémentes. Généralement, ce sont des orignaux plus jeunes qui sont croisés à cette occasion. La témérité de la jeunesse et le besoin de délimiter leur espace vital sont en effet susceptibles de les faire sortir davantage du bois que leurs parents, qui sont plus sédentaires.

Que faire en voyant un orignal sur la 132 ?

Si des automobilistes croisent un orignal en-dehors du bois, sur la route 132, il est recommandé par le ministère, si l’animal se trouve en-dehors des barrières, d’appeler la Sûreté du Québec, Info Transports au 511 ou alors SOS braconnage au 1 800 463-2191, où les interlocuteurs pourront référer en tout temps l’appel à un agent de la faune qui pourra se déplacer si l’animal présente un danger pour la circulation et les citoyens. Les panneaux disposés le long des routes indiquant la présence de grande faune n’ayant pas été installés là par hasard, il est rappelé aussi par le ministère de ralentir dans ces secteurs, surtout au début et à la fin de la journée. En cas de rencontre avec l’animal durant une promenade, les marcheurs sont invités à bien tenir leur animal en laisse et à laisser le champ libre à l’orignal pour qu’il puisse s’en aller.

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