Pourquoi la Haute-Gaspésie a-t-elle un préfet élu?

En 2002, alors que le gouvernement du Québec venait tout juste de voter une loi permettant l'élection d'un préfet, seulement quelques MRC se sont prévalues de cette option. Du lot, on y retrouvait la Haute-Gaspésie. À cette époque, le maire de Sainte-Anne-des-Monts, Laval Lévesque avait été élu au poste de préfet, laissant ainsi la place à Jacques Lavoie à la tête de la Ville.  Au moment de choisir le premier préfet élu, seulement 19 % de la population s'était prévalue de son droit de vote.

En 2005, l'élection d'un préfet a suscité un peu plus d'intérêt dans la population puisque 51 % des gens ont exprimé leur choix. C'est finalement l'ex-maire de Mont-Saint-Pierre, Magella Émond, qui a remporté la victoire contre Jacques Lavoie, Claudette Lemieux et Constant Lepage. Le taux de participation a grimpé jusqu'à 56 % en 2009. C'est à ce moment qu'Allen Cormier a battu le préfet en place avec une mince majorité de 215 voix.  En 2013, Allen Cormier a été élu sans opposition.

Contrairement à un préfet nommé par ses pairs qui se retrouve à être le maire d'une municipalité, le préfet élu peut se concentrer à 100 % sur sa tâche. C'est ce qui a motivé les élus de la Haute-Gaspésie à se tourner vers cette option. « Nous voulions avoir une personne à temps plein pour travailler au plan politique sur les dossiers de développement régional et économique. Vu l'ampleur du contrat, nous estimions qu'il était préférable d'avoir un élu à ce poste qui n'avait pas à cumuler également le rôle de maire. » 15 ans plus tard, Magella Émond croit toujours que le choix fût judicieux.

Quant aux rôles et responsabilités du préfet, elles demeurent sensiblement les mêmes qu'il soit élu ou nommé. En plus de présider le conseil des maires, il doit susciter la venue d'investissements sur le territoire, appuyer les dossiers des municipalités nécessitant un coup de pouce de la MRC, favoriser la mise en commun des services municipaux, siéger au conseil d'administration du CLD et de la Table des préfets et agir en tant que leader tout en utilisant son réseau d'influence.

Allen Cormier complète actuellement son deuxième mandat à la préfecture de la Haute-Gaspésie. De son propre aveu, la fonction demande beaucoup de disponibilité et il ne faut pas compter ses heures. D'ailleurs, il entreprend chaque journée comme s'il était en campagne électorale, de cette façon il donne le maximum de lui-même en tout temps.

Le préfet sortant est d'avis qu'en raison de la quantité de dossiers à traiter, il est primordial d'occuper le poste à temps complet. « Je pense à la formation professionnelle, le bureau de la SAAQ, Groupe Lebel, Orbite, Exploramer ou le retour de l'obstétrique. Ce sont tous des enjeux qui ont nécessité de multiples rencontres et représentations auprès des ministres à Québec. On est appelé à se déplacer très souvent. Je m'imagine mal avoir à gérer une municipalité tout mettant autant d'heures à la préfecture. »