19 février 2017

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

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©Photo TC Media - Dominique Fortier

L'alarme avait été sonnée par la CSN Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine qui avait eu vent que la haute direction travaillait sur un projet de réorganisation des services en santé mentale. Une présentation « PowerPoint » préliminaire avait même été présentée aux professionnels de la santé de l'hôpital des Monts.

Afin de répondre au CISSS, la CSN a mandaté la FSSS afin de réaliser une étude sur le sujet en se basant sur les informations disponibles provenant des documents de statistiques officielles et des directives ministérielles.

Ainsi, le premier constat que fait la FSSS est que le CISSS-Gaspésie a reçu une directive ministérielle claire à l'effet qu'il doit « revoir l'offre de service en psychiatre notamment pour l'hospitalisation en privilégiant l'approche de maintien de lits et d'améliorer la qualité de service à domicile. »

Or, la FSSS estime qu'une telle directive ne peut pas s'appliquer implacablement à la Gaspésie en raison de la situation en santé mentale qui est plus alarmante qu'ailleurs en province. Une étude du ministère de la Santé et des services sociaux indique que la Gaspésie affiche davantage de jeunes ayant reçu un diagnostic de trouble du déficit de l'attention, une plus grande propension au décrochage scolaire, plus d'élèves du secondaire ayant des problèmes de consommation d'alcool ou de drogues et davantage de gens ayant des troubles anxio-dépressifs. La Gaspésie se classe également au 2^e rang provincial au niveau du taux de suicide, soit 18.7 % des décès pour 100 000 habitants contre 13.3 % pour l'ensemble du Québec.

La FSSS-CSN ajoute que les risques de développer des troubles mentaux augmentent avec l'âge. Or, nul besoin de rappeler où se situe la Gaspésie en termes de vieillissement de population. « Couper dans les services psychiatriques est un non-sens à mon avis. Il faut se demander si le CISSS a-t-il pris en considération que les besoins sont plus élevés en Gaspésie? Est-ce que l'établissement a dressé un bilan des services disponibles avant de prendre une telle décision? S'il y a deux endroits où il ne faut pas couper, c'est en santé mentale et dans le domaine des pertes d'autonomies liées au vieillissement. »

©Photo TC Media - Dominique Fortier

Le centre de réadaptation en dépendances inauguré en 2012 a pour mandat de couvrir l'ensemble du territoire gaspésien.

Des budgets qui ne suivent pas

Par ailleurs, LA FSSS-CSN pointe le ministère de la Santé du doigt qui n'offre pas les outils nécessaires aux directions régionales qui se retrouvent ainsi en situation d'ultimatum. « Le budget du CISSS a augmenté de seulement 1.2 % pour couvrir les coûts du système alors que les établissements auraient besoin d'un minimum de 4 % d'augmentation de leurs budgets pour couvrir les frais liés au vieillissement de la population, l'inflation et la hausse du coût des technologies. Dans le cas qui nous intéresse, le CISSS-Gaspésie agit en considérant l'aspect financier et non pas les besoins cliniques. »

Ce qui est inquiétant, selon le syndicat, est que l'entente de gestion qui lit le CISSS-Gaspésie et le ministère de la Santé pour 2016-2017 stipule que l'établissement doit retrancher près de 4 M$ à budget de fonctionnement. « De plus, on constate que des déficits se sont ajoutés aux déficits accumulés et ce, malgré des coupures de service à la population. S'ajoute à cela des services spécialisés en santé mentale qui ne sont pas offerts à Sainte-Anne-des-Monts dont la pédopsychiatrie et la gérontopsychiatrie. »

Finalement, la FSSS-CSN fait un lien entre le Centre de réadaptation en dépendances de la Gaspésie inauguré en grande pompe en 2012 et la réorganisation des soins en santé mentale. le syndicat estime que le CISSS-Gaspésie que ces deux services sont indissociables en ce sens où des patients hébergés au Centre de réadaptation en dépendances sont redirigés vers l'hôpital des Monts lorsqu'un état de crise survient, nécessitant un hébergement psychiatrique.